Bricolages et patches.

Malgré ou à cause de sa relative jeunesse, l’informatique est un monde très fragmenté. Que ce soit au niveau des programmateurs ou des utilisateurs, il y a de grand fossés qui séparent les utilisateurs de tel ou tel système d’exploitation, de tel ou tel langage. En particulier, le monde du développement est divisé en styles et en philosophies de programmation, plus ou moins populaires selon la mode du moment.

Chaque école aspire naturellement à un code pur, suivant complètement une philosophie et un style d’écriture donné. En pratique, à moins de régulièrement recommencer à zéro (un exercice très populaire), on se retrouve à devoir intégrer des morceaux code d’un autre style, écrit avec une autre philosophie. Le résultat est qu’on se retrouve rapidement avec un code baroque, qui selon les éléments suit des règles et des philosophies complètement différentes.

Une bonne part de l’art informatique consistent à comprendre et accomoder cette variété, avec en philigranne l’idée d’une culture générale. Cela fait aussi qu’on apprend à reconnaître très vite quelque chose dont la philosphie de conception a visiblement changé en cours de route, les design patchés en vol.

Les sinogrammes m’ont été présentés la première fois au cours de géographie au Collège Calvin, par un professeur de géographie. C’était fort intéressant, quoiqu’inatendu pour cette branche. J’ai ensuite eu droit à l’introdution au kanjis plusieurs fois en étudiant le japonais, mais à chaque fois on vous présente la chose comme des dessins ayant été stylisé au cours des millénaires: 川 est une rivière, 山 une montagne, 中 signifie centre, 下 signifie inférieur et 上 supérieur. Les kanjis composites suivent une certaine logique si on combine femme et enfant on obtient aimer .

Malheureusement, le système ne fonctionne généralement pas comme ça. Cela serait trop simple. Considérons deux mots courants de l’合気道aikidō comme exemple: kyū(niveau) et 呼吸kokyū (respiration). En particulier, examinons les kanjis 級 et 吸. Les plus observateurs auront remarqué que l’élément de droite des deux kanjis, 及, est le même. Ce caractère signifie causer. Le rapport avec la notion de grade et d’inspiration semble assez ténu. Et pour cause, le rôle de cet élément est phonétique, il se lit (en lecture ON) kyū, comme les deux glyphes qui l’incluent.

Les kanjis sont parfois composés d’éléments sémantiques (comme la femme et l’enfant dans 好), mais incluent souvent un élément phonétique. Durant l’évolution de ce système d’écriture, on a donc patché le système pour le rendre plus facile à lire en jouant sur des association sonores. Ce faisant la logique des caractères est devenue un peu tordue.

Les kanjis d’aujourd’hui:
Kanji Kun ON Signification Note
キュウ
KYŪ
Niveau, rang, grade Fil + Kyū
す…う
su…u
キュウ
KYŪ
Aspirer, avaler Bouche + Kyū
およ…ぶ
oyo…bu
キュウ
KYŪ
Causer, provoquer

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