N•P de Banana Yoshimoto est un livre intriguant. Pour un informaticien NP est l’acronyme de non-poly&syh;nomial, ce qui décrit des temps d’exécutions si longs que cela rend l’algorithme inutilisable en pratique. Le résumé au dos du livre m’a paru trompeur, il parle d’une malédiction liée à la difficile traduction en japonais d’un roman écrit en anglais, et des suicides qui l’accompagnent. On s’attendrait presque à une version nipponne du Necronomicon il n’en est rien. L’histoire est bien plus jolie, plus floue, plus délicate.
Par beaucoup d’aspect, ce petit livre m’a fait penser à un rêve, à la lecture l’histoire est prenante et les personnages bien définis, mais une fois terminée, j’ai de la peine à définir ce qui fait ce roman, si j’essaye de le synthétiser, il ne reste que les impressions d’un été japonais, et des relations ambigües, naturellement.
Il y a un certain paradoxe a lire la traduction française d’un roman japonais qui traite de la traduction en japonais d’un roman écrit en anglais par un japonais, mais le texte contient plusieurs considérations intéressantes sur l’acte de la traduction. Je n’ai pas trouvé de problème majeur à la traduction, qui m’est parue naturelle, peut-être qu’il aurait fallu noter quelque part que le nom Sui est un synonyme du kanji pour l’eau »(水), peut-être que j’ai juste raté la note de bas de page. De fait, la fameuse nonante-huitième nouvelle qui sert de trame à l’histoire est probablement l’histoire elle-même. Quand au titre, sa nature est resté mystérieuse pour moi. Qu’on ne s’y trompe pas, si le ton et l’impression du livre sont léger comme une brise, les thèmes sous-jacents sont lourds comme un orage : inceste, suicide.
Banana Yoshimoto
Rivages Poches
ISBN : 978-2743-604-851
En conclusion un petit livre (180 pages) très agréable à lire, mais qui en même temps apporte des idées intéressantes, mais qui évoque des sujets graves.