Langue et Jugement

Les langues sont un aspect important dans ma vie, durant une journée normale, je parle trois langues différentes. Décider, selon le contexte, quelle langue parler, est un protocole social assez subtil. Le but est normalement de trouver le moyen de communiquer qui soit le plus confortable pour les participants à la conversation, mais comme tous les protocoles sociaux, c’est souvent plus compliqué que ça.

Si on y réfléchit, le choix de la langue est un jugement, qui porte sur un aspect important de son interlocuteur. Si par exemple je parle japonais à quelqu’un, c’est que je juge qu’il est nippophone, et que sa capacité à parler une autre langue que je parle (par exemple l’anglais) est inférieure à mon niveau de japonais. D’autres facteurs entrent naturellement en jeu, le fait que j’ai envie de pratiquer mon japonais et le contexte social, parler japonais est naturel au Japon, en dehors, c’est plus délicat.
Basculer de l’anglais au français, est aussi un indice que mon interlocuteur a un accent très marqué. Le choix de la langue n’est absolument pas trivial, et même si elles sont le plus souvent amusantes, il m’est arrivé moult fois de me tromper, à me retrouver à discuter pendant dix minutes en anglais avec une jeune femme avant que nous réalisions que nous parlions les deux le suisse-allemand.

On nous répète souvent que la tolérance, c’est ne pas juger, de ne pas inférer d’après l’apparence. Hors, hormis le contexte, ce sont justement l’apparence, le langage corporel, qui donnent des indices sur la culture et la langue probable de l’interlocuteur. Ne pas s’adapter à son interlocuteur est pour moi tout autant une marque d’intolérance.

4 thoughts on “Langue et Jugement”

  1. Est-ce tolérance ou respect ? Ou bien des pré-jugés et du respect? Car la notion de tolérance est infusée de condescendance.

  2. Vaste question que le choix de la langue.
    Parfois avec deux je m’y perds, alors je n’ose imaginer avec trois ou plus. :)

    Personnellement, je prends en compte plusieurs facteurs quand je suis avec un anglophone :
    – Où sommes nous ? En pays anglophone, en pays francophone ou ailleurs ?
    – Le niveau de langue : leur français est-il meilleur que mon anglais ?
    – Le “public” : y a -t-il d’autres participants à la conversation qui ne maîtrisent pas bien l’une des deux langues ?
    – Mais aussi la “relation” que j’ai avec l’interlocuteur, quand j’ai pris l’habitude de parler dans une langue avec une personne j’ai vraiment du mal à leur parler dans l’autre langue, c’est pour cela que j’ai du mal à parler français avec des Américains que j’ai rencontrés et côtoyé aux US avant de le faire en France. Mais -cas plus rare- j’aurais du mal à parler anglais avec les Américains au bon niveau de français que j’ai rencontrés en France…
    Qu’est-ce que cela sera si un jour je parle japonais… ;-)

  3. @July En fait, pour moi, le fait d’essayer de trouver la meilleure langue entre moi et mon interlocuteur est surtout une question de mettre les gens avec lesquels j’interagis à l’aise (ce qui pour moi est de la politesse) et de minimiser les chances qu’il y ait des problèmes de compréhension entre nous (ce qui pour est du bon sens).

  4. Oui, c’était juste le choix du terme tolérance qui me paraissait inadéquat face à la démarche qui elle est pragmatique et respectueuse.

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