Voir passer la mode

Givenchy over-the-knee boots Ⓒ Imaxtree

En tant qu’informaticien, mes interactions avec le mode sont assez similaires de celles des vaches avec les trains qui passent : je la vois passer, mais je n’ai pas d’envie particulière de la suivre. Si je ne peux pas affirmer que j’ai plus qu’une perception superficielle du phénomène, cela ne m’a pas empêché de développer une théorie sur la direction suivie. Comme je n’y comprends pas grand chose, je suppose qu’on peut dire que je suis parfaitement objectif.

Mon idée est que les créateurs de mode, ne créent pas réellement la mode, ils synthétisent des idées issues de communautés qui peuvent se permettre d’explorer la mode plus librement, n’étant pas contraint par ce qui a été acceptable dans les cinquante dernières années. Ces communautés sont un peu comme les gisements de pétrole, elles se développent de manière relativement indépendantes, ont leur propre culture (romans, bande-dessinées, films), et sont, à un moment, découvertes par les créateurs de mode qui en exploitent les idées et les injectent lentement dans la mode en les rendant plus acceptables socialement.

Le premier gisement qui a été exploité de mon vivant est le monde fétichiste/cyberpunk. De nombreux vêtements de cette mode sont à présent devenues mainstream : les adolescentes portent des pantalons en latex, les collections des grand créateurs parisiens contiennent des bottes cuissardes, un magasin de corset à ouvert pas loin du boulot. Bref, ce gisement est presque épuisé : les talons ne peuvent pas raisonnablement monter plus haut.

Harajuku Styles

Le second gisement est Harajuku. Ce quartier de Tōkyō est le centre de la mode jeune de la ville et un endroit où il est acceptable et traditionnel pour les jeunes gens d’apparaître dans le tenues les plus variées: loli-goths, cosplay, une mine d’idées vestimentaires dont on retrouve les éléments dans les clips de Gwen Stefani ou même Lady Gaga. La mode des jambières de ballet tricotée portées en dehors du contexte de la danse est typiquement une idée issue de Harajuku. Au fur et à mesure que le poids économique de la mode se déplace vers une population jeune et asiatique, je pense que ce gisement gagnera en importance.

Steampunk USB Key

Basé sur ces observations, je me suis demandé ce que serait le prochain gisement. Quelle communauté est en train de faire des costumes, des vêtements avec énergie ? De ce que je vois sur les différents flux RSS que je suis (notamment boing-boing) la mouvance Steampunk me semble un bon candidat. Comme dans les deux cas précédents une mouvance littéraire s’accompagne d’une esthétique propre, avec en corollaire des costumes. Il y a naturellement une continuité, Harajuku a repris des éléments fétichistes, et le Steampunk reprend des éléments victoriens des Loligoths.

Ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est que la mouvance cyber-fétichiste a donné ses lettres de noblesses au étoffes synthétiques, la mouvance steampunk intègre la technologie (dans une forme romantisée) : notamment des clefs USB magnifiques.

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