Les identités meurtrières

Couverture – Les identités Meurtrières - Amin Maalouf

Un ami m’a prêté les identités meurtrières d’Amin Maalouf, j’ai fini de le lire. C’est un texte intéressant, qui parle du problèmes des iden­tités culturelles multiples. J’ai bien aimé le postulat de base, selon lequel beaucoup de problèmes d’aujourd’hui sont causés par le fait que beaucoup de personnes ne définissent que par une seule identité, qu’elle soit nationale ou religieuse et que le résultat est une situation très polarisée. L’auteur prone l’acceptation de chacun de ses identités multiples.

L’auteur est un chrétien originaire du Liban mais ayant vécu en France. Le livre est en grande partie une réflexion sur sa situation, divisée entre plusieurs appartenances parfois opposées. C’est un sentiment que j’ai moi aussi souvent ressenti, certes de manière moins dramatique.

Si l’auteur est sans aucun doute sincère, il est à mon avis trop centré sur son problème: l’opposition entre occident et proche-orient, chrétien et musulmans., l’universalisme français opposé à celui des États-Unis. Tout les problèmes du monde sont projetés sur ces axes.

Le fait qu’il existe par le monde des polythéistes ou des athées, que certaines nations (au hasard, le Japon) ont géré leur occidentalisation et le rapport entre technologie et tradition différemment n’est pas évoquée. Lorsqu’il parle de l’intégration linguistique en Europe, il ne parle pas de la Suisse, ce qui est un peu dommage, vu que le pays semble en gros appliquer ce qui est prôné dans le livre (enseignement de trois langues). Naturellement les États-Unis sont présentés comme une hyper-puissance impossible à arrêter – ce qui ne semble plus être tant d’actualité.

Et rien n’interdit de penser qu’un jour, un Noir serait élu président des États-Unis et un Blanc président de l’Afrique du Sud. Pareille éventualité ne paraît envisageable qu’au bout d’un processus efficace d’harmonisation interne d’intégration et de maturation, lorsque chaque candidat pourra être jugé par ses propre concitoyens sur ses qualités humaines et sur ses opinions et non sur ses appartenances héritées. Il va de soi qu’on en est pas là.

En conclusion je pense que c’est un livre méritoire et intéressant, mais qui souffre d’une perspective quelque peu limitée à l’univers de l’auteur et de la marque de son époque (1998). Je comprends bien qu’il faille prendre des pincettes pour traiter de ce genre de sujets, mais j’aurais aimé que l’auteur aille plus loins dans ses recherches et ses réflexions. Il serait intéressant de voir ce que donnerait ce texte s’il était écrit aujourd’hui…

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