L’Autoroute de Schwamendingen

Chantier de l'Einhausung Schwamendingen.

Il y a un gros chantier sur l’autoroute près de chez moi. Si le projet est soutenu par la confédération, je doute que beaucoup de monde en Suisse romande en ait entendu parler. Ces personnes ont peut-être affectées par les redirections sur l’autoroute que le chantier occasionne, mais il y a toujours des chantiers sur les autoroutes. En allemand, le projet s’appelle Einhausung Schwamendingen, qui se traduirait littéralement par l’encapsulation de Schwamendingen. En fait, le projet est très simple, recouvrir l’autoroute d’un parc.

Ce projet est intéressant pour moi pour plusieurs raisons: la première, c’est que l’autoroute 1L, qui va être recouverte, se trouve à peu près à 250 m d’ici, et qu’en l’état, elle forme une barrière qui nous sépare de la forêt et du Züriberg, la colline au sud. La seconde raison c’est que ce projet est un des premiers pour lesquels j’ai voté en arrivant à Zürich, j’habitais à l’époque de l’autre côté de la ville, à Wollishofen, qui a aussi bénéficié de l’ensevelissement d’une autoroute, cette fois ci la numéro 3, ce qui m’avait encouragé à accepter le vote.

La troisième raison est que l’autoroute 1L est une sorte de serpent de mer à Zürich, un reliquat des plans d’urbanismes mégalomanes des années 70. À l’époque, l’idée était d’avoir une autoroute qui traverse le cœur de la ville, l’autoroute 3 qui vient du sud arrivait sur un pont construit sur la Sihl, passait sous la gare dans un tunnel, sous Milchbuck dans un autre tunnel pour rejoindre l’autoroute 1. Plusieurs éléments furent construit, le pont sur la Sihl, le tunnel sous la gare, et l’autoroute au nord de la ville, avec en dessous un tunnel de métro. La traversée autoroutière, comme le métro de Zürich, ne furent jamais réalisé, en lieu et place, deux contournements furent construits.

Le morceau qui fut construit près de chez moi connaît beaucoup de traffic, 120’000 véhicules par jour, et il est souvent embouteillé, ce qui n’est pas très étonnant, vu qu’il aboutit au centre ville. D’où le projet de recouvrir l’autoroute, pour limiter les nuisances dans un quartier de la ville plutôt peuplé. Par dessus, un parc va être construit, la ville ayant comme objectif d’augmenter les zones vertes, tout en augmentant la densité. Le parc comportera une voie de mobilité douce – une bonne chose car la ville est à la traîne en matière de pistes cyclables.

Si le projet est simple à expliquer, la mise en œuvre est plus complexe. D’abord, le chantier se trouve dans un quartier dense de la ville, ensuite sous l’autoroute se trouve un tunnel de métro qui est à présent emprunté par deux lignes de tramway, le 7 et le 9, elles ont des gares souterraines sous le chantier, et des escaliers d’accès qui sont pris dans les travaux. Ces derniers mois, nous n’avons plus accès à une entrée avec ascenseur depuis notre côté, ce qui est fort mal-pratique si on a une poussette ou des valises.

La zone entre Schwamendingen et Oerlikon comporte une grande part de coopératives de logements (image tirée du document Öffentlicher Gestaltungsplan “Ueberlandpark”), dont les bâtiments datent souvent de la période 40-50, et qui arrivent en fin de vie. Le remplacement a donc été coordonné avec le recouvrement de l’autoroute: il n’y a aucun intérêt à ouvrir un complexe de bâtiment vers une barrière anti-bruit, une zone verte, par contre, c’est très intéressant. La ville a en outre établi les normes pour permettre la construction de passerelles liant les habitations au nouveau parc.

Un des quartiers qui va être complètement refait est le Dreispitz (triangle), dont on peut consulter le Masterplan en ligne, le nouveau quartier comportera un nouveau parc, mais aussi une tour à une des extrémités – la ville a autorisé la construction de grattes ciels pour augmenter la densité. Qui dit densification et renouvellement dit aussi afflux de jeunes parents, et l’école de Saatlen va aussi être reconstruite, le bâtiment sera aussi aligné avec les objectives de la société à 2000 Watts.

Pour moi qui suit habitué à la politique genevoises des années 80-90, je dois dire qu’un tel niveau de coordination m’impressionne. Autant dire qu’il va encore y avoir de nombreux chantiers dans les alentours ces prochaines années, mais je pense que ce sont des développements positifs pour le quartier.

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