Ma première réaction en lisant l’article Berne prié d’assurer la liaison entre Lausanne et Genève a été Ils vont finir par reconstruire la ligne Nyon – Divonne. Et pourtant lorsque j’ai dessiné le trajet d’une seconde voie entre Morges et l’Aéroport, celle-ci évite soigneusement la France, plus ou moins à l’opposé de ce que j’avais écrit en 2007 dans mon billet Une autre troisième voie Genève-Nyon. Pourquoi ce revirement ?
Il y a d’abord une considération bêtement géographique, la boucle par Gex, Cergy et Saint-Genis-Pouilly n’est pas sur le trajet entre Genève-Aéroport et Lausanne. Or c’est sur ce tronçon qu’il restait des rails. Entre-temps, cette voie désaffectée est devenue une voie verte, ce qui rend une tentative de réutilisation plus compliquée. C’était de toute manière une voie unique, qui serpentait beaucoup, pas l’idéal pour un train moderne.
En général, le tracé de la ligne que je propose est éloigné de la frontière, la seule exception est à proximité de Divonne et de Ferney-Voltaire. Dans ces deux cas, les terrains du côté français sont plus bâtis et donc y construire une ligne serait plus compliqué, ce qui nous amène à la seconde considération, politique, un projet trans-frontalier est en général bien plus compliqué qu’un projet normal – surtout quand les intérêts ne sont pas alignés, la robustesse de la connection Genève-Lausanne n’est pas un problème Français.
Cela dit, si une voie de chemin de fer existait à l’extrémité est de l’aéroport, cela ouvrirait d’autres possibilités ferroviaires. Ce que je proposerait serait une ligne (en rouge sur la carte) reliant la nouvelle ligne Aéroport – Morges à Gex suivant une ligne droite depuis la frontière jusqu’à l’entrée de Gex, au sud de l’hôpital. De là, elle suivrait le tracé de l’ancienne ligne jusqu’à la gare historique. Cette approche aurait les avantages suivants :
- Un trajet rectiligne permettant des trains rapides
- Un tracé dans une zone relativement peu bâtie
- Elle connecterait la sous-préfecture à l’aéroport et Genève
- Elle desservirait les localités suivantes :
- Ferney-Voltaire (via la gare Suisse à Collex-Bossy)
- Ornex
- Ségny
- Cessy
Cette nouvelle ligne ne réutilise que 2Km de voie existante, mais il s’agit du tronçon à l’intérieur de l’agglomération de Gex, où un nouveau tracé serait complexe et coûteux.
Le problème de la voie historique, c’est qu’elle a été conçue pour un rôle assez absurde : connecter la Sous-Préfecture à la France en évitant la Suisse, et avec les techniques du XIXe siècle. La gare de Bellegarde se situe à une altitude de 370, celle de Gex environ 580 mètres et la ligne serpente le long des contreforts du Jura pour gagner de l’altitude, évitant ainsi la majeure partie des agglomérations située plus bas. Une ligne de train qui évite le centre de gravité de la région, et toutes les agglomérations, c’est pas idéal.
Dès le moment où la ville de Gex est bien connectée, une réhabilitation aurait un sens (ligne jaune), mais en partant de Gex, et probablement en se limitant à Thoiry. Elle desservirait Chevry, Saint-Genis, où idéalement se connecteraient les bus venant de Suisse, et peut-être (on peut rêver), une prolongation du tramway.
Remettre le reste de la ligne en service n’aurait initialement pas d’intérêt vu la faible densité de population au delà de Thoiry. Pour rejoindre Bellegarde, il serait probablement plus simple de construire une connection directe de l’aéroport vers la ligne de la Plaine. De même, je doute que remettre en état la ligne jusqu’à Divonne ait un sens : cette agglomération serait desservie par la nouvelle ligne suisse.