Structures et effondrement

Voie abandonnée à Steinmaur

Durant le confinement, j’ai fait beaucoup de vélo, comme il faut se fixer des objectifs, j’ai décidé de visiter toutes les gares dans un rayon de 20 km. L’avantage c’est que ce sont des endroits plutôt vide, et il y a généralement un distributeur de boisson, que l’on peut utiliser sans se poser la question du masque. Cela a aussi été pour moi une occasion de voir de nombreuses structures abandonnées : dessertes industrielles, halles de marchandises, parfois des voies complètes. Témoins d’un système de transport qui s’est effondré, d’industries qui ont disparu.

Mes visites en Serbie m’ont donné un autre exemple de structures qui se sont effondrées : gares, musées, de nombreuses facilités ont cessé de fonctionner. La partie commune de l’immeuble de ma belle mère a des portes brisées, l’éclairage de l’escalier ne fonctionne plus depuis belle lurette, et le chauffage de l’immeuble a été remplacé par des systèmes individuels, pontés sur les anciennes conduites. Autant de systèmes communs qui ont périclité quand certains voisins n’ont plus joué le jeu, que l’état sous-jacent est devenu trop corrompu et faible pour régler le problème…

Dans les deux cas, la vie continue, on bricole, on change de système, on abandonne des lieux, des activités. Il n’y a pas d’explosion, juste de la rouille, de la crasse et des mauvaises herbes. S’il y a eu un drame, il a eu lieu ailleurs, dans une autre narration. Peut-être que l’un ou l’autre de ses systèmes sera dynamisé à nouveau, mais le temps ne reviendra pas en arrière, ce qui viendra sera quelque chose de nouveau, qui reprendra peut-être l’un ou élément qui a existé par le passé, ou pas.

On parle beaucoup d’effondrement, ces temps, mais j’ai l’impression que les gens ont une vision plus dynamique de la chose, un truc qui ferrait un bon film, une bonne apocalypse. C’est à mon avis un très mauvais modèle pour appréhender ce qui se passe, les grincements de sociétés et d’économies qui doivent changer radicalement. Les films de zombies ont été un très modèle pour comprendre le Covid : même si en Europe, le nombre de victime approche le 10% de la seconde guerre mondiale, les effets sont largement invisibles en dehors des statistiques. Aucun des éléments du film de zombie ne s’est réalisé : il n’y a pas eu de renversement politique, il n’y a pas eu de mutation, il n’y a pas eu de remède miracle créé par un savant rebelle. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu d’impact…

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