Quinze ans à Zürich

Façade Freigutstrasse

Il y a quinze ans, fraichement débarqué du Japon, j’ai commencé à travailler à Zürich, au bureau de Google Suisse. À l’époque, ce n’était qu’une étape de plus dans une carrière où j’avais régulièrement changé de poste, et je ne m’attendais pas à rester particulièrement longtemps ; Google était une petite entreprise avec une centaine d’employés à la Freigustrasse. C’est la ville où je me suis établi, que je considère à présent comme chez moi, et force m’a été de constater que je n’ai absolument pas envie de retourner en Suisse romande.

Beaucoup de choses se sont passées durant ces quinze ans : un vrai travail dans une entreprise qui a grandi de manière dramatique – elle emploie aujourd’hui près d’une personne active sur mille en Suisse, la fin de ma carrière académique, l’adaptation à une ville alémanique, plusieurs relations, un mariage, un enfant, une maison, la pandémie. J’ai réalisé que j’avais un haut score en Asperger, ce qui n’était pas une réelle surprise, mais il y a quelque chose de rassurant à avoir une confirmation externe. J’ai largement abandonné le jeu de rôle, faute de temps, mais aussi d’énergie. J’ai aussi remis en cause ma relations avec les groupes, mon investissement dans les projets des autres. Je me concentre à présent sur mes projets que j’exécute à ma manière.

En contrepartie j’ai bricolé beaucoup plus, le modélisme ferroviaire me donnant un cadre, une excuse pour apprendre de nouvelles compétences. J’ai donc appris à souder, sérieusement dépoussiéré des connaissances d’électronique largement académiques, je me suis mis à l’impression 3D, et par là, la modélisation en trois dimensions, domaine dans lequel j’étais très mauvais. J’ai aussi appris à peindre – plus que des meubles – avec des pinceaux fins, de l’aérographe. Si mes compétences sont très limitées, j’ai déjà quelques bases qui me permettent de faire des choses et d’en tirer de la satisfaction. Ce sont aussi des activités pour lesquelles je ne dépends pas des autres.

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