Même si j’avais largement cessé de jouer à Tigres Volants une fois installé à Zürich, j’ai continué à faire une sorte de partie par e-mail avec Axelle, avec une bonne partie de l’action centrée sur Ringstadt et la région alentours mais aussi Paris. Ça a été pour moi l’occasion de développer plusieurs idées, comme par exemple celle présentée dans le Labyrinthe des Cerisiers, comme j’avais pas réellement d’ambition de publier quoi que ce soit, je n’ai pas beaucoup de notes.

C’est durant cette période qu’à pris forme l’idée de la voie de l’est, qui s’est peu à peu transformé en un des aspects centraux de Convoi : la ligne de chemin de fer abandonnée en apparence. L’idée m’était venue en observant que Ringstadt était l’anti-Berlin XVIII, ce qui posait la question du front-est, élément central de ce jeu.

De fait, la frontière est se trouve très loin, au delà de Gorki, avec beaucoup de Russie sur le chemin. La seule voie de communication sur la carte que j’avais dessinée, dix ans plus tôt, se situait plutôt au nord. Une autoroute transcontinentale, une ligne de train magnétique, beaucoup de vide.

Clairement il devait y avoir des traffics, ce qui impliquait une certaine infrastructure. J’avais envie que ce soit un train à l’ancienne, quelque chose qui avait largement effacé de l’univers de Tigres Volants, là où les voitures à combustion avaient survécu. J’avais déjà évoqué une gare secrète dans le scénario Ringstadt la Bête, clairement ce serait un train fantôme.

J’avais beaucoup aimé les histoires situées dans l’univers de Bas-Lag de China Miéville et là est venu ma première idée: avoir un train de Roms (Roma-Zug). Il devait y avoir un jeu de mot vaseux sur le fait que tout les chemins allaient à Rome, mais que le train des Roms allait sur toutes les voies…

Cela laissait entière la question des voies, de leur entretien, une telle infrastructure ne pouvait être secrète, il fallait quelque chose de semi-officiel : des dirigeants locaux corrompus, des groupes maffieux qui exploitent cet axe de communication. L’indifférence des pouvoirs supérieurs. La présence de Roms avait sensiblement tiré la voie vers le sud, plus proche du corridor stratégique européen Rhin – Danube actuel que de la traversée de la Russie. Ce qui ouvrait des horizons plus intéressant, lam zone au nord de la Mer Noire était un terrain très intéressant à explorer.

La raison pour laquelle cette voie était tolérée par les deux blocs se trouvait déjà dans le background de Ringstadt, un rôle de valve, permettant la fuite d’indésirables depuis la Fédération des Hautes Terres, avec naturellement un bon lot d’espions, d’arcanistes, d’agents de la Police Politique, d’aventuriers et de missionnaires. J’aurais voulu que ce train se rende au Carnaval des Irradiées de Ringstadt, sans jamais réussir à trouver le plan idiot qui justifiait cela.

En fin de compte, cet élément de background dans les marges est devenu la base de son propre univers, ce train des ombres pouvait se trouver dans n’importe quel univers, l’idée de base de Convoi.