Lorsque nous sommes arrivés à Genève, à la fin des années 70, le grand projet Genevois était la traversée de la rade. Comme nous vivions dans une semi-enclave, la petite partie Suisse au sud du lac Léman, le projet promettait de nous rapprocher du reste du pays. Après la votation positive de 1986, il semblait que le projet serait construit. Il n’a pas été construit. J’ai quitté Genève.
Zürich a une situation géographique similaire à Genève, la ville est située à l’extrémité d’un lac, même s’il est plus petit. Si on veut traverser le lac en évitant le centre, on prend le bac qui relie Horgen à Meilen. Ce n’est pas une merveille architecturale, mais ça fonctionne, la traversée prend moins de 10 minutes. Les deux localités se trouvent à environ 15 kilomètres du centre ville, ce qui correspondrait grosso-modo à une traversée entre Hermance et Coppet.
L’avantage par rapport à un pont routier, c’est que c’est un moyen de transport public. Les grands pont routiers ne sont typiquement pas très agréables à utiliser pour les piétons et les cyclistes. Prendre le bac à vélo ou à pied est plutôt sympa, la traversée coûte 1.50 pour un piéton, 3.- pour un cycliste. Il y a une très belle vue depuis le pont supérieur et un distributeur de boissons. Il y a une gare à 500 mètres de chacun des deux ports. Le bac, c’est aussi une affaire qui marche, la compagnie qui l’exploite a acheté de nouveaux navires en 1991, 1999 et 2003 et en 2017 le Schwan a été reconstruit.
Est-ce qu’un tel bac serait possible à Genève ? Probablement pas. S’il y a une gare non loin du port à Coppet, ce n’est pas le cas à Hermance : la gare la plus proche se trouve à dix kilomètres, à Machilly, en France. La ligne de bus E dessert Hermance, qui est son terminus. Au delà, si l’on suit la route qui longe le lac, il n’y a plus grand’chose. La route principale est la route de Thonon, qui se sépare du lac à Cologny.
Un bac entre Cologny et le Longeron aurait l’avantage d’être connecté à des artères routières, mais la connection se situerait à 5 kilomètres du centre. 10 minutes de bateau pour économiser 30 km de route est facilement justifié : il faudrait faire du 180 Km/h pour faire le tour plus vite. 10 Km en 10 minutes, c’est du 60…
Plus généralement, je doute qu’un tel projet soit politiquement viable, cela sera toujours insuffisant pour la faction des automobilistes, et trop pour les riverains. Genève gardera probablement son serpent de mer pendant quelques années encore.