Tigres à la retraite – Les Siyani

Un être reptilien utilisant un terminal holographique

Le fil RPGaDay de cette année à été l’occasion pour et de mentionner mon rôle dans le jeu . Si c’est un jeu que j’ai cessé de pratiquer il y a plus d’une décade, j’y avais à l’époque investi pas mal d’énergie. C’est une bonne occasion pour parler de différentes idées que j’avais à l’époque sur ce jeu et j’ai donc décidé d’écrire quelques billets rétrospectifs pour expliquer mes idées de l’époque, avec un peu de recul…


J’ai toujours été intéressé par les zones d’ombre. Dans l’univers de Tigres Volants, deux races étaient nébuleuses, les Karlans, peuple mystérieux et lointains, et les Siyani, une partie intégrante de l’empire passé au nom imprononçable, mais décrit dans les règles de bases de manière assez sommaire, une espèce reptilienne à la culture marchande, dont la planète d’origine était perdue. Alias avait défini les bases biologiques, se posait la question que veulent ces bestioles ?

Un bouquin qui m’avait marqué à l’époque était la de Bruce Sterling, le protagoniste coincé dans un conflit entre deux mouvances post-humaines se retrouve dans un habitat dont les systèmes de survie ont été détruit, il n’est sauvé que par l’arrivée d’extra-terrestres reptiliens qui achètent le résultat de la destruction comme œuvre d’art. Ce moment est resté pour moi l’élément qui défini les Siyani.

Une idée clef lors de la création de la société Siyani était d’avoir une structure méta-stable, i.e. quelque chose qui puisse concilier une race remuante, ambitieuse, disposant d’immenses ressources, et la stabilité, voire la stagnation de plusieurs millénaires des guildes marchandes Siyansk, la structure politique dominée par les Siyani.

Les Siyani sont ainsi devenu des êtres commerçants, mais obsédés par l’art. Nous avons de très bon marchands qui, dès qu’ils sont riches, se ruinent en créant des œuvres d’arts mégalomanes et absurdes. Les individus, mais aussi les guildes sont donc toutes prises dans un cycle immuable, industrie, commerce, art – l’art amenant tôt ou tard la ruine et un retour à l’industrie. Ce cycle et l’importance de notions commerciales comme l’arbitrage ont aussi donné la perspective asymétrique des relations entre Siyani, et une esthétique de l’asymétrie, des nombres premiers (j’y reviendrais).

L’idée que l’art se doit d’être gratuit était partiellement une réaction à la sempiternelle et ennuyeuse discussion Le JdR est-il un art. C’était aussi un moyen d’avoir un moteur de scénario intéressant : un client Siyani peut demander à des aventuriers de lui procurer virtuellement n’importe quoi, sans que les personnages joueurs puissent immédiatement en deviner le but. Si ce moteur de scénario sonnait sympa sur le papier, je ne l’ai que très peu utilisé.

La seconde question qu’il fallait éclaircir était celle des origines. J’ai toujours trouvé l’idée qu’on puisse perdre les coordonnées d’une planète difficile à croire : cela implique d’égarer une étoile, c’est assez gros et visible, ces machins. Une solution était de considérer l’idée qu’il n’y avait pas de planète d’origine, mais que quelqu’un avait créé les Siyani et disparu.

Tigres Volants était à l’origine très inspiré par . Dans cet univers, il y avait une race hyper-avancée, mais disparue, les . Cette race n’existe pas dans Tigres Volants, son rôle étant partiellement rempli par l’ancien empire Eyldar (les elfes) ; j’aimais bien l’idée de la garder en fantôme derrière les Siyani. Ceux-ci étaient de fait la race de garçon de courses, factotums, d’une race supérieure disparue depuis – un thème développé (bien mieux) dans le roman de Charles Stross.

Cette idée posée, la question suivante était de savoir ce qu’était advenu des autres serviteurs de cette race ancienne. Je voulais éviter de devoir décrire le background de X races disparues, donc la solution consistait à les avoir toutes présentes à l’intérieur des Siyani : leur code génétique pouvant exprimer différentes formes, correspondant aux différents serviteurs. Les Siyani étaient simplement le mode par défaut.

Une variante, les , s’exprimait uniquement lors d’accident de clonage, d’autres variantes pouvaient être l’objet de différentes quêtes scénarios. Évidemment il fallait que ces recherches sur le code génétique Siyani soient l’objet d’un puissant interdit – simplement parce qu’une fausse manœuvre cause l’expression du phénotype guerrier. Les Siyani sont physiquement parmi les créatures les plus impressionnantes du monde de Tigres Volants – avoir une variante guerrière est une bonne cause de tabou, et permet d’avoir un scénario avec une organisation qui joue avec des forces qu’elle ne comprend pas, en l’occurrence la fédération des hautes terres, et un groupe d’aliens psychopathes sur les bras.

Les velléités artistiques des Siyani est plus qu’un obsession, c’est un moyen pour eux de dépasser le rôle qui leur a été imparti à leur création.


Siyani par Psychée / Axelle Bouet, CC-BY-NC-SA

4 thoughts on “Tigres à la retraite – Les Siyani”

  1. L’adresse du flux RSS a dû changer, j’avais raté toutes tes mises à jour récentes. Elles induisent une certaine nostalgie ;-)

    Très intéressant cet article. Je connaissais certaines de tes réflexions sur les Siyani, mais pas toutes, et je trouve que cela en donne une vision très cohérente, plutôt que d’une race de reptiliens parachutés.

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