Le keïtaï

Téléphone mobile Vodafone 802SE (Sony Ericsson V800)

Après deux jours de démarches administratives, et grâce à l’assistance précieuse d’Eva (que son nom soit béni dans les cieux), je suis un être humain au sens Japonais, j’ai un keïtaï. Il ne s’agit naturellement pas d’une sorte de sabre, mais bien d’un téléphone mobile. J’ai pris le modèle le moins cher (fondamentalement ceux qui sont gratuitement donnés avec l’abonnement) et qui ait des menus en Anglais. Cela ne veut pas dire qu’il soit simple, vu que l’engin, un Sony Ericson 802SE a naturellement beaucoup plus de fonctions que le simple mobile que j’utilisais en Suisse. Le premier effet, est que le petit appareil photo numérique que portait toujours avec moi ne me sera plus d’aucune utilité, vu que l’appareil photo dans ce téléphone a une résolution légèrement supérieure.

Le keïtaï n’était naturellement que la dernière phase d’un long processus, il a d’abord fallu m’enregistrer comme étranger, et enregistrer mon hanko, puis avec une attestation temporaire, ouvrir un compte bancaire, réaliser que la banque avait gardé l’original de l’attestation et donc qu’il en fallait une nouvelle et repasser à la mairie, et enfin aller prendre le téléphone. Chaque étape a naturellement demandé de remplir des formulaires. Chaque fois il a fallu écrire mon nom en roman-ji (charactères romains), puis montrer la retranscription en katakanas, qui est assez complexe vu que mon nom comporte des sons qui n’existent pas dans la langue Niponne, et que vu que les données devaient correspondre à ce qui était écrit sur mon passeport, il a fallu retranscrire tous mes noms. Évidemment le résultat est assez long: ヴィズマン マティアス ガリ ファビアン. Évidemment cela faisait beaucoup trop de caractères pour entrer dans les cases du formulaire. Donc je m’attends à recevoir des courriers avec mon nom coupé de manière créative. Il a fallu aussi convertir ma date de naissance dans le calendrier traditionnel – je suis né en l’an 47 de la période Shōwa. Tous ces formulaires ont été abondamment tamponnés avec mon Hanko.

J’ai aussi ouvert un compte à la poste, avec chaque compte, j’ai reçu un livret en papier, avec, écrit à la machine, la valeur de mon dépôt initial. J’avais un livret d’épargne comme ça, à la BCG, il y a très longtemps. Enfin, avec le compte en banque et le téléphone mobile, j’ai reçu un paquet de serviettes. Il semblerait que ce soit le cadeau traditionnel en cette saison, mais le contraste est saisissant, des formulaires et des documents comme je n’en ai plus vu en Suisse depuis des décennies, un téléphone mobile très avancé (pour son prix) par rapport à la Suisse, et un cadeau incongru pour la Suisse (imaginez l’UBS donner des serviettes aux gens qui ouvrent un compte, ça pourrait être mal interprété). Ce constant mélange entre ultra-moderne et vieilleries est probablement une des choses les plus troublantes du Japon.

6 thoughts on “Le keïtaï”

  1. Je suppose que l’inverse est vrai pour un Japonais en Suisse, qui sera très étonné d’avoir un compte géré de façon électronique, un téléphone portable de modèle pré-soviétique et recevoir une tirelire ou des porte-clés…

    Au fait, les fonctionnaires japonais, ils sont comment?…

  2. Plus poli que les Suisses, j’ai trouvé. En général, ils ont essayé, avec plus ou moins de succès d’aider – le problème est qu’en général personne n’a de vue d’ensemble du système.

  3. Oui, c’est vraiment typique du Japon. Je me rappelle de mon arrivée à Tokyo Narita. J’ai cherché un service de livraison pour faire livrer mes bagages non accompagnés. Le responsable du service balbutiait à peine l’anglais. Dans le bureau, pas un seul ordinateur en vue et des piles de papier partout. Très anachronique.
    Quant à la banque, ça me rappelle que j’avais reçu un paquet de mouchoirs…

  4. Je cherchais une analogie avec les bidules comme le hanko. Ici, si on n’a pas ses clefs, on n’est rien.

  5. Ben en fait, pour les bagages en fret, j’ai pu tout régler par téléphone et e-mail, ça m’a coûté assez cher d’avoir quelqu’un qui fasse le passage de douane pour moi. En fait, le plus gros problème était que je n’avais pas téléphone.

  6. Edomaur: ne t’en fais pas, ici j’ai aussi plein de clefs, et une carte magnétique pour JAIST.

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