L’ouvre temps

Couverture de L'Ouvre Temps - Mézières Christin

Je ne suis pas un collectionneur, parmi les séries de livres que je possède, il n’est pas rare qu’il y en ait des dépareillés. Dans la bande dessinée, j’ai souvent laissé tomber telle ou telle série qui m’enthousiasmait au début, mais qui depuis ne m’intéresse plus (Sillage semble être tombé dans cette catégorie). Pourtant j’ai acheté le dernier album de Valérian « L’Ouvre Temps », et cela malgré la déconvenue de « L’ordre des pierres ». En étant charitable avec moi même, je prétendrai que c’était pour vérifier l’impression que m’avait donné l’album précédent, la vérité c’est que cet album est comme cette dernière interaction un peu amère lorsque l’on sait qu’une relation se termine, en un sens elle est nécessaire, mais elle n’amène aucune joie, aucune nouveauté.

L’Ouvre Temps est la second partie de « l’Ordre des Pierres », et clôt de manière définitive les aventures des agents du service spatio-temporel de Galaxity, Valérian et Laureline. Si le premier tome était mauvais, celui-ci est largement pire. La seule chose positive que je puisse à dire à son sujet, c’est que c’est clairement le dernier, et qu’il n’y en aura donc pas de pire, mais il n’en reste pas moins que c’est un incroyable gâchis. Je me souviens de l’époque où les albums de Christin et Mézières était donné comme une référence d’originalité autant au niveau du scénario que du graphisme. Quelle déchéance depuis !

Dans mon précédent billet, j’avais parlé de la ressemblance aux dernier romans de Heinlein, où la volonté d’unifier toutes les œuvres de sa carrières prime sur tout : cohérence, qualité du scénario. Cette tendance ce confirme. Cet album n’est pas une histoire en bande dessinée, mais une réunion d’anciens mis en image. Le précédent album introduisait la menace sur le cosmos : des cailloux omnipotent et psychopathes. Cet album apporte la résolution de cette menace au moyen d’un autre caillou, et une cérémonie impliquant toutes les âmes pures des albums de la série. Le lecteur n’aura pas droit à des explications sur la nature de la menace ou sur la solution, juste des discussion de bistrot inintéressantes entres des personnages créés il y a des décennies. Je suppose que c’est l’avantage des pierres, il ne faut pas expliquer leur motivations…

Dans l’interview sur France 3 ci-contre, la journaliste parle de l’intrigue comme de la quête de Valérian et Laureline pour retrouver la terre, mais cette histoire, déjà sous-jacente dans les albums précédents est complète­ment écrasée par la quête contre les forces du mal™. La fin implique un deus ex machina et le bris du quatrième mur. Curieusement, dans cet album, Valérian reprend le dessus, il fait des discours (lui qui en était incapable dans les albums précédents), de Laureline devient plus passive. Les seuls caractères vaguement nouveaux sont les clones/enfants de Valérian issus de l’album « les héros de l’équinoxe », comme il n’y a pas réellement de scénario, leur rôle reste assez mineur, comment une foule innombrable d’enfants divers s’est transformé en une demi-douzaine de clones de Valérians n’est jamais réellement expliqué. En cette fin des temps, tous les personnages perdent leur caractéristiques : Valérian sait faire des discours, les Shingouz sont honnêtes, Xombul est bon et généreux, et Laureline réutilise ses tenues des histoires précédentes.

L’Ouvre Temps
Christin, Pierre & Mézières, Jean-Claude.
Editeur: Dargaud.
ISBN 978-2-205-06026-3.

Je pourrais continuer à parler des faiblesses de cette album, le trait grossier, les pages qui sont juste des peintures avec du texte écrit en dessous, mais à quoi bon. Le plus triste, c’est ce que disent les auteurs dans l’interview :

On voulait, si j’ose dire, finir en beauté, que ça ne soit pas, une série de bande dessinée qui peu à peu s’affaiblit, qui tire un peu à la ligne…

Trop tard…

3 thoughts on “L’ouvre temps”

  1. Et je trouve que tu es encore assez loin de la réalité. C’est plus que du gâchis, c’est franchement du sabotage.

    Enfin bon, pour moi la série s’arrète aux Foudres d’Hypsis, qui annonçait la reconversion de la série Valérian de SF intelligente et “réaliste”, en bisounourserie gnangnante aux “intrigues” bêtifiantes et à la gentillesse sirupeuse et écoeurante. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, personne n’est coupable de rien tout fini bien.

    Et merde.

  2. Je n’ai même pas pensé à me dire que je pouvais l’acheter tellement les précédents tomes ont été décevants. « Les Foudres d’Hypsis » et à la rigueur « Sur les frontières » sont les derniers corrects, le reste est de plus en plus mauvais. La réutilisation systématique des anciens personnages des tomes précédents est une signe qui ne trompe pas quand une série s’essouffle.

    Il y en a d’autres, passées des sommets à la nullité : Alix, par exemple, ou Astérix. Est-ce la conséquence du vieillissement des auteurs ? De besoins financiers ?

    Affligeant.

    (Pour Sillage, je ne serais pas aussi méchant, ça commence juste à tirer un peu trop à la ligne en voulant trop approfondir l’intrigue sans la faire avancer, ou à servir de prétexte pour des spin off ; le graphisme par exemple reste bon, ce qui n’est pas le cas des derniers Alix ou Valérian.)

  3. Je pense que c’est surtout lié au vieillissement des auteurs, qui n’arrivent ni à avoir des idées originales, ni a maintenir les éléments de tensions entre les éléments de l’histoire. Toute la série jusqu’à «sur les frontières» est définie par la tension entre Valérian et Laureline qui sont en compétition / conflit. À cela se rajoute la tension entre eux et l’univers qu’ils découvrent. Dans les dernier épisodes, toute cette tension à disparu, ils se comportent comme un vieux couple et connaissent l’univers…

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