Les décisions absurdes…

Couverture du Livre «les décisions absurdes» de Christian Morel

J’ai profité de mes courtes vacances, pour attaquer ma pile de livres à lire. Parmi ceux-ci se trouvait Les décisions absurdes, Sociologie des erreurs radicales et persistantes de Christian Morel. Le livre traite de décisions en apparences absurdes, allant de crash d’avions de lignes jusqu’au sempiternel problème des transparents écrits trop petits. Le thème du livre est intéressant, et l’auteur présente plusieurs facteurs qui contribuent à une décision absurde, mauvaise communication, absence de contrôle, structure de l’organisation etc.

De fait, la lecture de ce livre m’a paru elle même quelque peu absurde. L’auteur fustige les personnes qui présentent des transparents illisibles, mais dans une certaine mesure reproduit le schéma en écrivant un livre difficile à lire. Le style est à la fois didactique à l’extrême avec une répétition systématique de chaque élément et exemple. En même temps le texte est rempli d’une terminologie ronflante avec des titres de paragraphes comme «l’indispensable discussion téléologique». En tant qu’informaticien je comprends le nécessité d’une terminologie précise, mais ces termes ne sont souvent utilisés que dans une section et un chapitre, et ne semblent pas nécessaires. De plus, l’auteur semble ignorer la technique de nommer les choses. Il donne plusieurs exemples de contextes ou sont pris des décisions absurdes. Un de ces contextes est celui d’une holding de l’électronique Suisse, au lieu de la nommer la holding Z, l’auteur répète régulièrement La holding de l’électronique suisse. Bref, le texte est répétitif et redondant au point d’en être illisible.

Le même texte qui parle des priorités contradictoires contient, en page 286 une table décrivant l’importance de facteurs, chaque fois l’importance est importante ou très importante. Une des décisions absurdes citées souvent est le problème d’une entreprise qui utilise des chiffres qui ne sont pas statistiquement significatifs, cette décision est largement critiquée par le livre, qui paradoxalement se base sur moins d’une dizaine de cas pour discourir sur une problématique complexe – l’auteur se justifie cet échantillonnage dans l’introduction, mais à chaque mention du problème de l’échantillonnage, j’y repensais.

Bien entendu, ce ne sont que des détails de présentation d’un texte for intéressant, mais ils me semblent symptomatiques d’un certain manque d’intérêt pour le lectorat très présent selon moi dans le monde académique français. Il s’agit plus de briller que de communiquer (les transparents illisibles sont pour moi une expression du même problème). Cela fait aussi que le contenu de ce livre de 300 pages est relativement maigre, et que j’ai surtout fini avec l’impression que toutes les idées auraient pu être exprimées de manière plus claire sur 150 pages…

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