À l’endroit, à l’envers

Cela fait maintenant quelques mois que j’essaye d’apprendre la Japonais. Le processus implique inévitablement de démonter la structure logique du japonais pour le reconstruire mentalement avec mon mode de pensée et les concepts que je connais. Par exemple, il est plus simple pour moi de concevoir le suffixe は comme un marqueur de nominatif, を comme celui de l’accusatif et の comme celui du génitif. Même si ces termes n’ont pas cours dans l’univers japonais et ne sont présent dans aucun cours de Japonais que j’ai vu. Qui aurait cru que presque quinze plus tard, le cours de latin révélerait son utilité.

Cette semaine mon collègue japonais m’a proposé de faire un échange de langue, il m’aide pour mon japonais et je l’aide pour son français. Si c’est une initiative très sympa, elle m’a mis face au problème inverse. En effet si ce collègue a un cours et des notions de français, le cours qu’il utilise a été conçu pour des européens, en tout cas des gens capable de prononcer si pas tous, au moins une majorité des sons du français. Ce n’est pas le cas d’un japonais. Considérons les mots suivants:

  1. vent
  2. vin
  3. bain
  4. banc

Pour un francophone, ce sont quatre mots aisément discernables, mais pour un japonais, ils sont tous les mêmes. Ce qui complique encore l’affaire c’est que la manière naturelle de concevoir les sons en Japonais est sous la forme d’un syllabaire. Le français est rarement présenté sous cette forme. Par exemple si on fait l’exercice avec simplement les différentes voyelles.

voyelle voyelle +u voyelle +n voyelle +i
a (ア) au (オ) an (?) ai (エ)
i (イ) in (?)
u (?) un (ウン) ui (ウイ)
e (?) eu (?) en (?) ei (エイ)
o (オ) ou (ウ) on (オン) oi (オア)
é (?)
è (エ)

Je ne suis pas du tout convaincu que cette table soit vaguement juste, c’est pas comme si la manière dont on prononce “un” est exactement fixe en français, mais le nombre de points d’interrogations donne une idée de l’ampleur du problème. Néanmoins je pense que l’exercice est intéressant, au pire c’est une manière originale d’envisager le français…

3 thoughts on “À l’endroit, à l’envers

  1. On entend souvent dire que les Japonais confondent tout le temps le “r” et le “l”. C’est vrai, mais ce n’est pas parce qu’ils sont bêtes, mais parce qu’ils ne peuvent tout simplement pas. Une étude, dont j’avais lu un résumé dans le Scientific American, a identifié des zones dans le cerveau qui réagissent aux différents sons (c’est sans doute beaucoup plus compliqué que ça, mais je ne me souviens pas bien de l’article). Chaque son dont nous avons l’habitude possède sa propre région, bien définie. Pour les sons inhabituels, la différenciation est moins claire. Ainsi, pour un Japonais, la même région réagit au “l” et au “r”. Pour eux, ce sont donc des sons (et, partant, des lettres) totalement interchangeables.

  2. Ben moi je ne suis pas doué en Japonais, je ne vois pas la différence entre le caractère ? et le caractère ? (blague typographique)

  3. Unicode ne permet pas beaucoup de variations dans ce thème:
    ?¿ʔʕʖ‽⁇⁈⁉﹖?

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