Les amoureux qui cadenassent les pont publics, ponts publics…

Guirlandes Tōnō

Une des belles choses au Japon sont les petites attentions qui s’accumulent, les plaques votives et les papiers de prédictions dans les temples, les grappes de grues en origami sur les sites nucléaires à Hiroshima, Nagasaki, les rubans rouges dans la forêt à Tōnō. Ces petits monuments ne sont pas exclusifs au Japon : les piles de galets des pèlerins partent de la même idée, chacun ajoute sa pierre à l’édifice. Il y a sans nul doute mille autres exemples.

Cadenas du pont des ArtsUne tradition émergente est celle des cadenas sur les ponts. Il y a probablement un pont quelque part d’où cette idée est partie, mais le fait est qu’on voit des cadenas fleurir sur les ponts un peu partout. Deux réactions possibles : s’outrager et décrier ce qui n’est pas une vraie tradition et que cette habitude défigure les édifices, ou bien chercher à faire quelque chose de cette énergie. Les autorités parisiennes ont clairement choisi la première option : le a été restauré, débarrassé des fétiches serruriers et augmenté de plaques de Plexiglas pour éviter que le problème se pose à nouveau. Qu’on n’aille pas croire qu’on se trouve dans la cité des amoureux.

C’est une approche valide, qui revient à traiter l’édifice comme une pièce de musée : on ajoute du verre pour protéger l’objet ; je suppose qu’il faudra un gardien, la police n’a rien de mieux à faire qu’arrêter les amoureux qui cadenassent les pont publics. C’est un peu dommage, vu que ces cadenas sont la manifestation d’un sentiment positif et une action constructive, à mon avis il serait plus intéressant de canaliser cette énergie de manière positive plutôt que la réprimer. Connecter les gens à l’espace public, plutôt que reproduire l’image stérile des musées, avec d’un côté les artistes, de l’autre les spectateurs.

Schema: Cadenas, deux filins, hampe.Ce que je proposerais serait d’avoir une structure prévue pour poser ces cadenas qui, au fur et à mesure qu’ils sont ajoutés devient une guirlande qui enjambe le cours d’eau. Deux câbles sont installés à quelques centimètres en dehors du pont, sur lequel s’accrochent les cadenas ; l’ouvrage est préservé, et la tradition peut fleurir. Si une guirlande est pleine, on peut la manipuler comme une chaîne et la déplacer, typiquement l’éloigner du pont et en commencer une nouvelle.

Le premier câble sert de filin de support, le second se termine par un mousqueton et maintient la chaîne de cadenas qui se créé sous tension. Pour ajouter un maillon, on ouvre le mousqueton, on ferme le nouveau cadenas sur le précédent et on referme le mousqueton sur celui-ci. Pour éviter que le poids des cadenas soit trop un problème, les câbles sont soutenus par des petits mats, situés tous les quelques mètres, un peu comme des hampes de drapeau.

Comme l’installation est composée de filins métalliques, elle devrait raisonnablement résister au déprédations. Le pire que l’on puisse faire c’est ouvrir le mousqueton et laisser filer le filin de tension. Pour limiter le problème, il suffit de l’arrêter à chaque hampe, simplement avec un cadenas dont le diamètre des inférieur à celui du mousqueton. N’importe qui peut tendre à nouveau le filin.

L’avantage de cette approche c’est que non seulement on canalise l’effet est on empêche les dégâts que causent les cadenas, mais en encourageant le processus, on obtient un avantage économique : si cette pratique devient officielle, les magasins alentours vendront des cadenas, avec service de gravure, certains artistes offriront leurs services pour les peindre.

Cadenas d’amour du pont des Arts, Paris © Frenchinspiration – Creative Commons 3.0

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