Convoi – Tunis Gare Centrale

Vue aérienne d'Alger en 1960

Un des premiers mondes que j’avais imaginé pour Convoi était basé sur l’uchronie et si la France avait continué la guerre qu’Alias a présenté sur son blog il y a quatre ans. Les considérations stratégiques et historiques ne m’avaient pas tellement intéressé, par contre j’étais très curieux sur ce que serait l’armée et la société française si l’armée et les industries étaient basées dans le Maghreb, question qui semblait largement élidée lors de l’exercice historique.

Assez vite, j’ai voulu avoir un monde à la Casablanca pour Convoi, mais il fallait une ville plus grande, avec une gare où un train peut apparaître et disparaître discrètement. Ei si une ville Nord-Africaine était devenu une grande ville industrielle ? Les deux idées commençaient à se rejoindre.

Je voulais une uchronie qui soit clairement différente de la seconde guerre mondiale historique, quoi de mieux que de tourner la carte de 90° ? Au lieu de conflits selon l’axe est-ouest, et si les affrontements s’était polarisés sur l’axe nord-sud ? On se retrouverait avec une quatrième guerre punique. De Casablanca et l’Algérie, on passait à la Tunisie, ce qui avait sa logique : la région de Tunis est riche en charbon et en fer, j’ai donc naturellement nommé ce monde Tunis Gare Centrale.

Si ce monde est celui sur lequel j’ai le plus longtemps réfléchi pour Convoi, je ne l’ai pas utilisé pour le premier scénario, qui implique plutôt une série de sauts de puces avec peu de temps passé dans un monde donné. En termes de jeu Tunis Gare centrale est conçu comme cadre pour une campagne avec une seconde guerre mondiale massive en toile de fond. C’est un monde dynamique : la bataille entre le IIIe Reich et l’Alliance Coloniale peut tourner de l’une ou l’autre manière.

Naturellement, je ne prétends pas à la moindre crédibilité historique, géographique ou culturelle : le comportement de l’armée française n’est pas le seul à avoir changé. Le temps présent dans ce monde est l’année 1944.

Historique

Dans ce monde, la seconde guerre mondiale bat son plein, en 1940, plutôt que de capituler, les troupes française se retirent vers l’Algérie, y établissant leurs bases militaires. Une plateforme industrielle est développée à Tunis. Une offensive commune avec les troupes anglaises sur la Libye en 1941 met fin aux ambitions coloniales italiennes, cela permet aux force de l’axe, de ce concentrer sur le front est ; dirigée par le général Rommel, l’opération Barbarossa est largement un succès, et la partie est de la Russie fait partie du IIIe Reich. La flotte Italienne conquiert l’île de Malte. Nizza (Nice), la Corse et la Dalmatie sont intégrés à l’Italie.

Les lourdes pertes font que la Wehrmacht prend le pouvoir et plutôt que de pousser plus avant les conquêtes, entreprend d’assoir la structure du Reich : grands travaux d’infrastructure et mise en place d’une administration efficace. À partir de 1942, les opérations militaires sont surtout autours du nord de la Russie et à la frontière entre la Turquie alliée de l’Allemagne et la Syrie sous protectorat Français.

En 1944 l’Alliance coloniale (France et Empire Britannique) lance une vaste opération navale avec pour but la conquête de la Sicile, ils se heurtent à la flotte allemande et surtout ses forces aériennes équipées d’avion à réaction. La mer Méditerranée devient rapidement le front principal entre les forces du IIIe Reich au Nord et l’alliance Coloniale au Sud, avions et navires s’y affrontent dans ce qui est souvent appelé la Quatrième Guerre Punique.

Les États-Unis, en conflit avec le Japon impérial, hésitent toujours à s’engager dans ce conflit opposant d’un côté un IIIe Reich européen qui a débouté les communistes, et de l’autre une alliance de nations coloniales de plus en plus métissée.

Tunis

En quatre ans, la ville de Tunis est devenue le centre industriel de l’Afrique du Nord. La région, riche en charbon et en fer, produit l’acier nécessaire pour l’effort de guerre. Les champs de pétrole au sud fournissent le carburant. Un important afflux de réfugiés européens et une politique d’éducation tout azimut font que les gens affluent de toute l’Afrique du nord pour étudier ou travailler à Tunis, et cela malgré la proximité du front et les occasionnels bombardements. Marsala, en Sicile, est à moins de 300 Km.

Le premier escadron de chasse berbère a fait la une des journaux dans tout le Maghreb d’un côté pour ses exploits miliaires au dessus de la Sicile et ses frasques à terre. Le métissage est source de beaucoup de tensions, militaires et réfugiés sont majoritairement des hommes, et certains rêvent déjà, une fois la guerre terminée de s’installer au soleil, les ingénieurs et ouvriers maghrébins revendiquent plus de droits, Alger est la capitale de la France depuis quatre ans, c’est une ville bien plus moderne que Paris.

La menace des sous-marins allemands dans la mer Méditerranée et les besoin industriels ont donné un coup de fouet au développement du réseau de chemin de fer : express et trains de marchandises sillonnent la ligne qui relie Tunis à Casablanca, où se trouve le principal port sur l’Atlantique. La ligne jusqu’au Caire est sur le point d’être mise en service. Dans ce souk industriel, où petits escrocs et espions boivent le thé ensemble, personne ne remarque un train qui apparaît ou disparaît.

Photo : Alger en 1960, photo retouchée (couleur) original © Creative Commons Attribution 3.0 non transposé (CC BY 3.0).

5 thoughts on “Convoi – Tunis Gare Centrale”

  1. Salut Mathias. Ayant commencé à te questionner (puisque j’aime bien ton projet, bien que je ne te connaisse point… pour l’instant), je me permet de continuer.

    Dans ton descriptif précédent, j’avais crû comprendre qu’à chaque partie ou presque on explorait un nouveau monde en étant partiellement ou totalement amnésique. Je pensais donc que chaque partie, à la manière de la série Sliders, permettait de découvrir un nouvel univers anachronique.

    Ce qui ne semble pas être le cas ici puisqu’un monde avec autant de possibilités mérite plus qu’un saut de puce, non ? Ici, si je comprends bien, les saut se feraient d’une région géographique à une autre ?

    Une autre question qui me rend curieux : les personnages ont-ils la capacité et la volonté de sortir de leur train pour s’éloigner et mener des opérations, peut-être de la durée d’une partie, loin du confort de leur “chez eux” ? Ou doivent-ils, quoi qu’il arrive, rester à l’intérieur ou à proximité du train ?

    Désolé de t’importuner, mais ça me rend vraiment curieux.

    Fred

  2. @Fred, merci pour tes questions, c’est ça qui me permet de clarifier le désordre dans ma tête.

    Une partie de jeu n’est pas liée à un monde particulier, un scénario donné peut impliquer plusieurs sauts, par exemple parce que les personnages doivent transporter quelque chose du monde A au monde B.

    Les personnages commencent amnésiques parce que c’est une bonne excuse pour créer les personnages durant la partie, dynamiquement, chaque saut efface un peu la mémoire, mais il y a des moyens de s’en prémunir (j’y viendrais dans un autre billet). L’idée est plutôt qu’au fil des scénarios, les personnages se créent rétrospectivement (avec des possibilités d’oubli / changements).

    Les personnages peuvent s’éloigner de leur train, simplement ce train, les uniformes, est ce qui les rends spéciaux, le plus ils s’en écartent, le plus ils risque de devenir normaux et d’oublier leur capacité, et l’existence des passages entre les mondes.

  3. Mon uchroniste intérieur a envie simultanément de mourir et de crier au “Germanwank”, mais bon, c’est pour du jeu de rôle, pas pour publier chez Taillandier non plus. :)

    Cela dit, dans l’uchronie “1940, la France continue”, il y avait eu quelques paragraphes sur l’extension de la ligne de chemin de fer entre Casablanca, Oran, Alger et Tunis, si mes souvenirs sont bons (évidemment, je ne le retrouve pas sur le forum).

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