Illustrer un scénario de jeu de rôle…

Une femme dans une armure de cuir, enchaînée au mur

Lorsqu’on écrit un scénario de jeu de rôle, une chose qui donne beaucoup de force au texte final, ce sont les images. Que ce soient de simples cartes ou bien de réelles illustrations, elles donnent du relief et la consistence au scénario. J’ai la chance d’avoir deux illustratrices qui enrichissent deux scénarios Rêve de Dragon dont j’espère pouvoir bientôt mettre en ligne le fichiers.

En attendant voici quelques observations sur le fait d’illustrations ; je préfère ne pas parler de conseils, vu que je suis incapable de dessiner et que les goûts et les couleurs en la matière varient.

Les illustrations seront imprimées

Cela peut paraître une évidence, mais même en cette époque du tout internet, le lecteur – normalement un maître de jeu – va probablement imprimer le scénario pour le lire, le relire et le consulter durant la partie. Pour cela il utilisera soit une imprimante personnelle, soit une imprimante de bureau. Donc cela vaut la peine de concevoir les illustrations pour qu’elles soient belles et lisibles une fois imprimées. En pratique cela veut dire deux choses: une relativement haute résolution et un bon contraste.

La question de la résolution est simple si on considère une illustration en trait, un ordinateur moyen a une résolution de 100 DPI, soit environ 40 pixels/cm, un écran retina comme on en trouve sur les nouveaux laptops ont 220 DPI, soit environ 85 pixels/cm. Mon imprimante, qui n’a rien de spécial, a une résolution de 2400 × 600 DPI. Une illustrations qui occupera une demi-page A4 fait environ 7 cm de large, ce qui veut nous donne les valeurs en pixel suivantes :

Media Résolution Pixels pour 7cm
Écran 100 DPI 275
Écran Retina 220 DPI 606
Vieille Imprimante 300 DPI 826
Imprimante Bureau 600 DPI 1654
Bonne imprimante 2400 DPI 6614

Il faut noter que pour l’impression de photos, 200 DPI sont généralement considérés comme suffisant, je parle ici d’images au trait, j’ai écrit entre-temps un second billet sur ce sujet.

Une femme dans une armure de cuir, enchaînée au mur

La question du contraste revient à dire qu’une bonne illustration doit être lisible sans couleurs, c’est généralement une bonne idée : en France 8 % des hommes souffrent d’une forme de daltonisme. C’est d’autant plus important lorsque l’on considère, là-encore que le scénario sera imprimé, ce qui se traduit en général par une image plus sombre (sur un écran, on ajoute de la lumière, sur une imprimante on en enlève). Tout le monde n’a pas accès à une imprimante couleur, et même lorsque c’est le cas, le rendu des couleurs est relativement hasardeux. Pour vous en convaincre, voici l’illustration en tête d’article imprimée et numérisée à nouveau (oui, mon imprimante a une période bleue).

Les PNJs ne sont pas des PJs

Lorsqu’un joueur désire qu’on illustre son personnage joueur (PJ), il est important que la description correspondent entièrement à la description. Il est naturel aussi de montrer le personnage dans une position relativement neutre, bref, de faire un portrait. Les personnages non-joueurs (PNJ) d’un autre côté n’ont de raison d’être que dans le contexte d’un scénario, leur nature et leur apparence font partie d’une histoire. Cela signifie que d’une part leur apparence est sujet à discussion (i.e. je suis prêt à changer l’apparence d’un PNJ si ça améliore le dessin), de l’autre le personnage devrait être présenté non de manière neutre, mais en situation. Cela donne des images bien plus dynamiques, et un scénario de jeu de rôle, du fait que la trame centrale est largement libre, est déjà bien assez neutre comme ça.

Pour moi, l’illustration idéale raconte une partie du scénario (d’autres opinions sont disponibles), une bonne image devrait instiller une pensée du genre oh, il y a un X qui Y, lisons !.

Les rectangles c’est has been

Je fait mes mises en pages avec Pages, ce n’est de loin pas un programme professionnel, mais il permet quand même de faire des détourages qui ne sont pas des rectangles. Cela signifie que le texte peut couler tout autours de l’illustration; c’est quelque chose que j’aime bien, car cela permet de gommer la frontière entre illustration et texte et donne quelque chose de plus fluide. Par contre, ce genre de mise en page est difficile à mettre en œuvre en HTML ou en Laτeχ. Techniquement cela signifie les choses suivantes :

  • Pour pouvoir habiller les images proprement l’idéal c’est d’avoir une image avec un fond transparent. Il est possible de reconstruire un fond transparent, mais cela implique un fond parfaitement blanc, et des bords nets.
  • L’illustration devrait avoir une forme qui se laisse habiller par du texte aisément : une image convexe fonctionne en général bien, s’il y a des parties non convexes, il est impératif que que le texte puisse couler dedans depuis les côtés. Un mot isolé au milieu d’une illustration, c’est pas idéal.
  • Éviter les éléments isolés, typiquement la signature qui est souvent soigneusement apposée en bas à droite au fond d’un océan de blanc. La signature fait partie de l’illustration et devrait être connectée au reste, idéalement intégrée.
  • Penser les illustrations comme ayant un fond gris. Du texte noir sur un fond blanc équivaut, en termes lumineux à un gris à 10-20 % selon la fonte, l’espacement et l’âge du capitaine. Une manière approximative d’obtenir cette valeur c’est de prendre une capture d’écran du texte, et d’appliquer un très gros flou gaussien et mesurer la couleur résultante.

Comme dit plus haut, tout ceci n’est qu’observation de ma part, d’une part il existe une panoplie d’opinion sur le sujet, et de l’autre que mettre en pratique certaines des choses décrites ici ne sont pas aisées.

Rage © Fiorella Annoni.

11 thoughts on “Illustrer un scénario de jeu de rôle…”

  1. Pour les résolutions, il faut quand même relativiser: même quand on fait de l’offset, on dépasse rarement les 300 dpi/ppp.

    Une règle très pratique, c’est de savoir la taille finale que doit avoir une illustration imprimée et de multiplier sa taille en centimètre par 100: ça donne sa taille en pixels.

  2. @Balise, merci pour le lien, cela dit, pour l’instant c’est un sélecteur CSS qui n’est supporté que dans les build canary de Chrome, désactivé par défaut, avec un préfixe propriétaire.

    @Alias, je ne pense pas que les caractéristique de l’offset aient de réelle importance pour un scénario destiné à être mis en ligne au format PDF, ils ne seront jamais imprimés en offset. Par contre, les imprimantes de bureau qui supportent plus que 600 DPI sont très communnes.

    • Ce que je veux dire, c’est que je doute que la différence de qualité entre une image à 150 dpi et une image à 600 dpi, tiré sur une imprimante laser – même de bonne qualité – soit aussi sensible. Par contre, la différence de poids du fichier est elle conséquente.

  3. Je confirme ce que dit Stéphane Gallay, 300 dpi (format final d’impression) est amplement suffisant, c’est comme ça que sont faite la plupart des publications professionnelles (sinon paye la taille du pdf d’un livre chargé en illustration).
    Bosser l’illustration à la taille que l’on veux (très grand et bonne résolution si on a la bécane capable de suivre), mais une fois au format réel dans la mise en page, 300 dpi suffisent (garder l’originale dans un coin, hein, faut pas écraser le fichier de travail).
    En fait ça donne plutôt :
    Image quadri (CMJN, couleur quoi): 300 dpi
    Image niveau de gris : 600 dpi
    Dessin au trait (Bitmap, le pixel est soit noir pur, soit blanc) : 1200 à 2400 dpi
    Et d’ailleurs, si vous voulez imprimer, passez en CMJN obligatoirement si vous ne voulez pas avoir de mauvaise surprise sur la couleur -et si vous voulez imprimer plusieurs exemplaires, faites un test : entre votre écran et l’impression, il y aura toujours une différence-.
    Au delà de ça, bon article :)

  4. Il y a une confusion.
    1 La résolution d’une imprimante ne correspond pas à ce qu’on pourrait appeler sa définition.
    2 Le support d’impression détermine la résolution utile.

    Une imprimante n’imprime pas des “pixels”, elle imprime des points de trame.
    Un point de trame c’est un peu comme un damier, de 8×8 par exemple.
    Selon le nombre de cases grisées on obtient une teinte plus ou moins foncée.

    On parle donc, pour l’impression, de linéature. Ca s’exprime en lpp (lignes par pouce) et ça correspond au nombre de ligne de points de trames par pouce. La linéature max possible est déterminée par la machine et le type de papier. C’est une contrainte technique.
    Et c’est ce nombre de lpp qui va déterminer vraiment la finesse d’une sortie papier.

    Quand une machine affiche une résolution de 2400ppp il s’agit de pixel et non de points.
    Mais ça veut dire qu’elle peut afficher 256 nuances par points de trame avec une linéature de 150lpp (150×16= 2400, 16×16=256 teintes [pour chaque couleur] ).

    Ca c’est vraiment la base des notions. Ca se complique quand on aborde la méthode de tramage (comment sont constitués les points car ce ne sont pas forcément des “damiers”).
    On parle de tramage stochastique, AM, FM ou XM… enfin même si j’ai un peu bossé tout ça, ça reste toujours un peu obscur.

    Ce qu’il faut garder à l’esprit ce n’est pas de vouloir la résolution la plus fine possible, c’est d’avoir la résolution utile. Cette utilité va dépendre du type de support et de sa fonction.
    On n’imprime pas un quotidien sur du papier couché. (en offset -> linéature papier journal 60-80lpi, papier couché-glacé 133-300lpi)

    Des images ou des scans à 300dpi pour une impression maison ça ne sert pas à grand chose. Pour en tirer profit il faut déjà un très bon papier (couché brillant), une très bonne imprimante et surtout de très bons yeux ^^

    Dans les faits, des images/scans en 200dpi c’est déjà plus que suffisant pour un usage domestique.

  5. Le but ici n’est pas de produire des images pour une impression “professionnelle”, mes scénarios sont mis en ligne pour le péquin de base. Celui-ci imprimera le scénario soit sur une imprimante chez lui, soit sur une imprimante de bureau. Donc on oublie la quadri-chromie, la calibration et tout ce bazar – l’imprimante aura une calibration pourrie, c’est la vie, on prépare l’image en conséquence.

    Concernant la résolution, on parle d’images au trait (ou avec une grosse composante de traits), donc la résolution au dessus de 300 DPI font une différence, pour exactement la même raison que le texte est plus lisible à 600 DPI qu’à 300 DPI, cf https://wiesmann.codiferes.net/wordpress/?p=22430 pour la suite de la discussion.

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