Voyage en Serbie

Hôtel Moscou

La Yougoslavie a toujours été pour moi un pays flou, changeant: lieu de vacances pour mes parents, pendant de la Suisse de l’autre côté du rideau de fer, pays le plus riche du bloc est, dévasté ensuite par la guerre pour être finalement divisé. Deux semaines de vacances en Serbie m’ont permis d’avoir une perception plus concrète d’un des fragments, et de visiter ce qui fut la capitale.

Ma première impression, alors que l’avion se posait, fut l’odeur de fumée omniprésente, non pas à cause des fumeurs (qui sont pourtant nombreux), mais parce que de nombreuses maisons se chauffent au bois ou au charbon, comme au bon vieux temps diraient certains. Un tampon en cyrillique sur mon passeport plus tard, j’étais en Serbie.

Façade colorée à Belgrade

Belgrade a tout d’une capitale européenne : églises et bâtiments public imposants, rues piétonnes où l’on vend des marrons chauds, un parc avec les ruines de la forteresse, des cafés sur les bords du Danube. L’architecture confirme le mélange d’influences : européen et turque pour les vieux bâtiments, soviétique pour ceux du XXe siècle, design international pour les plus nouveaux.

Même si l’unité monétaire officielle est le Dinar, tout le monde accepte les Euros; les plaque minéralogiques ont le format européen : une zone bleue avec le code du pays (SRB) en bas, il ne manque que la couronne d’étoiles. Paradoxe d’une fédération éclatée, dont chaque partie désire à présent rejoindre l’union européenne.

Si à Budapest il était relativement facile de voir les cicatrices des affrontements de 68 sur les murs des édifices, je n’ai pas pu décerner de traces directe de la guerre ni à Belgrade, ni à Niš. Ce qui est clair, par contre, c’est que le pays était riche dans les années 80, mais que toute l’infrastructure a été négligée depuis, un tiers de siècle d’économie au ralenti et d’absence de maintenance se remarquent.

À l’intérieur du pays, nous nous sommes déplacés en bus, il y a des lignes de trains, pour la plupart électrifiées, mais elles sont dans un état si déplorables que les bus sont propres, rapides et fiables en comparaison. Même la ligne du Huit de Šargan, une boucle touristique dans les montagnes opérée par la compagnie nationale de chemin de fer, avait 30 minutes de retard, et ce malgré le fait que plus d’une dizaine d’employés se trouvaient à bord d’un train avec une locomotive et trois wagons. Ce qui est amusant, c’est que les Serbes semblent être convaincus que leur confrères conduisent de manière très dangereuse, clairement ils n’ont pas été en France ou en Italie.

Parlement Serbe de Nuit

À Belgrade il faut éviter les taxis non officiels, qui semblent vivre d’un modèle économique absurde : faire payer plus cher, typiquement le double que les taxis officiels qui sont abondants. Ils compensent en s’imposant de manière bourrue et désagréable. On retrouve les même mendiants que partout ailleurs en Europe, la principale différence, c’est qu’ils ont leur propres faubourgs de torchis, et qu’ils se déplacent avec des chariots tirés par des chevaux. De fait, je me suis senti plus en sécurité à Belgrade qu’à Paris, peut-être une différence de quartier. J’ai été impressionné par le nombre de maisons de jeu, petites ou grandes, plus nombreuses même que les les magasins de chaussures, qui sont pourtant légions.

Sur la route, une grande variété de véhicules, tout ce qui a été construit pour rouler depuis la seconde guerre mondiale, depuis la Yugo jusqu’au dernier modèle de Mercedes, en passant par les Pinzgauer et les bonnes vieilles Renault 4. Une partie des tramways de Belgrade sont des anciennes rames de la ville de Bâle, données lorsque la ville a remplacé son matériel. Tout ce bric-broc de vieux véhicules donne une familiarité à une ville étrangère.

Les alphabets romain et cyrilliques se disputent les murs et le papier, tant qu’il n’est pas toujours évident de savoir lequel est utilisé pour le nom d’une ville, d’une gare routière. On sent que le cyrillique est une partie de la nouvelle identité serbe, mais la langue pullule de mots allemands, français ou anglais.

J’ai trouvé les gens que j’ai rencontré sympathiques, ouverts d’esprit et chaleureux, et même si le pays abonde en petites frappes roulant en Mercedes, on sent qu’on y apprécie encore la connaissance et la culture. Le mot que j’ai le plus souvent entendu pour décrire la situation était катастрофа (Katastrofa), ceux qui le peuvent cherchent un emploi à l’étranger, les autres se reconvertissent comme ils le peuvent, météorologue devenu chauffeur de taxi.

En bref, un voyage très intéressant, je suis curieux de revoir la région en été.

2 thoughts on “Voyage en Serbie”

  1. La Serbie ne fait pas partie de mes priorités de voyages mais je suivrai avec attention vos prochains articles sur cette région en été. Ca sera peut etre une destination à faire en quelques jours.

    Merci pour l’article ;)

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