L’effet du second système.

Une des malédiction du monde de l’informatique est le «second-system syndrome». Ce terme désigne le fait que le système conçu pour remplacer un premier système informatique est souvent un système énorme qui ne voit jamais le jour. La raison pour cela est que les concepteurs du système de seconde génération cherchent à corriger tous les problèmes du précédent, et ce faisant entreprennent quelque chose de trop ambitieux qui très souvent échoue. En parallèle, l’ancien système est négligé, n’est pas maintenu et se dépérit.

Un domaine informatique ou ce phénomène est très visible est celui des systèmes d’exploitation. La plupart des entreprise de logiciel comme IBM, Apple ou Microsoft on eu à affronter le syndrome de seconde generation. Le résultat est qu’encore aujourd’hui les systèmes d’exploitation des ordinateurs personnels sont fondamentalement ceux conçus dans les années 70. Tout les systèmes modernes qui auraient du les supplanter étaient d’une telle complexité qu’ils ne sont jamais devenus utilisables.

Le syndrome du second système n’est cependant pas l’apanage du domaine informatique. On le retrouve un peu partout, y compris dans les systèmes politiques et sociaux. Nous vivons avec des systèmes légaux dont la base a 2000 ans et des systèmes politiques qui sont des variations des concepts révolutionnaires de la fin du ⅩⅧᵉ siècle. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de progrès depuis, simplement qu’il y a eu évolution. Force est constater que les révolutions qui ont cherché à aller plus loin n’ont pas été des succès très clairs.

Un des problèmes sous jacent le syndrome de la seconde génération est celui de compatibilité: le système que l’on aimerait changer n’existe pas dans le vide, il interagit avec d’autres entités qui forment un écosystème qui s’est adapté aux idiosyncrasies du système. Pour le système d’exploitation il y a des programmes qui ont été codés pour une certaine interface. Pour un système politique, ce sont les institutions et surtout les personnes.

Un système d’exploitation sans applications a autant de sens qu’un gouvernement sans population. Ce qui explique pourquoi il est si difficile de faire tabula rasa et se débarrasser de l’ancien modèle : cela revient à déprécier les programmes devenus incompatibles. En politique, la dépréciation des gens est souvent plus sanglante. Dans tous les cas, pour qu’une transition soit possible, il faut une idée claire de la position où l’on se trouve, et de celle qu’on désire atteindre, une volonté claire et la capacité de maintenir le cap durant la transition. Autant de choses rares et précieuses.

Alors on se retrouve a bricoler avec des systèmes anciens et conçus pour des modèles obsolètes en espérant que les sommités variées qui planchent sur le «next big thing» parviendront à l’implémenter, sans réellement y croire, l’époque ou les monorails magnétiques devait supplanter les rails datant de l’époque victorienne est révolue : les trains à grande vitesse roulent sur des voies à écartement standard de 4 pieds et 8 pouces…

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