Transition analogique…

Ampoule à incandescence

Une des transition que je suis avec intérêt est la disparition des lampes à incandescence, i.e. les bêtes ampoules. Il y a l’aspect écologique, dont on peut discuter à loisir, mais ce qui est plus important pour moi c’est que ces ampoules sont un peu les derniers représentant de l’époque analogique pure. Certaines seront remplacées par des tubes à fluorescence, qui sont aussi une technologie analogique, mais je soupçonne que les LED vont finir par dominer. Le passage d’un monde analogique à un monde digital numérique est pour moi une de ces transitions qui définissent la .

Qu’est ce que j’entends par un monde analogique ? Une ampoule électrique est un composant très simple: on applique une tension aux deux bornes, et voilà, fiat lux, il n’y a pas la moindre forme d’intelligence dans l’ampoule : plus la tension est forte, plus la lumière est intense. Il existe des circuits qui permettent de moduler cette tension, qui répondent à des équations.

Les lampes qui remplacent peu à peu les ampoules comportent bien plus d’électronique, y compris souvent un microcontrôleur: en plus de la logique analogique et ses équations, elles contiennent un ordinateur et ses algorithmes. Il est impossible de prendre une ampoule classique et de lui faire émettre les paroles de la marseillaise en morse sans lui ajouter des pièces, des composants, c’est tout à fait envisageable avec une lampe dotée d’un microcontrôleur ; il suffit de la reprogrammer.

Une ampoule à incandescence est juste cela, une ampoule moderne peut-être une variété de choses, et comme les téléphones, va probablement incorporer de plus en plus de fonctionnalités avec le temps: détecteur d’incendie, senseur de lumière (pour s’ajuster à la lumière ambiante), complément de la télévision (pour émettre des couleurs accordées au film), balise pour les robots nettoyeurs.

La majorité des objets que j’ai connus analogiques sont à présent numériques : radio, téléphone, télévision, montre, appareil photo, machine à laver, aspirateur, thermomètre, voiture. En même temps, cette transition est pour moi naturelle, évidente pour qui a eu un ordinateur adolescent, et je ne peux honnêtement pas dire que c’était mieux avant : si les premiers appareils numériques étaient maladroits, grossiers, ils ont depuis surpassé leur contrepartie analogique.

Ce passage des équations aux algorithmes se fait peu à peu dans toute la société, les banques sont les prochaines sur la liste, après un crash dû à des équations que les banquiers ne comprennent pas, on se prépare un crash avec des algorithmes que les banquiers ne comprennent pas. Le du Boulet joue justement avec cette transition, imagine un monde où la technologie serait restée entre deux. La mode de la musique ou des graphismes 8 bits se place dans la même perspective, faire d’une imperfection de l’époque un élément de style. Le fait qu’on puisse regarder cette époque avec nostalgie est probablement une bonne indication que la transition se termine…

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p class=”license”>Image: Gluehlampe 01 © KMJ, masque alpha parEdokter, Creative Commons – Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé

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