La fin de Sun

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Quand j’étudiais à Genève, il y avait trois salles de stations de travail : une avec des Mac sous AU/X que peu de gens savaient utiliser, une salle avec des stations Sun et la troisième avec des stations SGI. Tout le monde travaillait dans la salle des stations Sun, les étudiants normaux en informatique n’ayant pas accès aux stations SGI, réservées, je crois, à ceux qui suivaient le cours d’infographie.

L’année dernière a vu la fin de la compagnie SGI, ses actions ont été retirées de la bourse. Alors que Apple va plutôt bien, la valeur boursière de la compagnie est à présent supérieure à celle de Dell, Sun ne va pas très bien. D’abord financièrement, mais pas seulement. Sun était toujours le chouchou des universités, dans la plupart des institutions ou j’ai travaillé, il y avait des Suns, depuis les Sun-station 1 de l’Université de Genève jusqu’à la Sun-Blade 1500 que j’ai au boulot. L’autre constante, c’est que chaque fois, Sun était sur le déclin. Chaque fois, les stations et les serveurs Sun étaient en déclin, des machines que personne ne voulait plus utiliser. En général, les gens migraient vers Linux ou Mac OS X.

La situation à JAIST est typique. Les stations de travail officielles sont des Sun-Blade que personne n’aime utiliser, donc tout le monde utilise d’autres machines alors que les stations sont déconnectées et prennent la poussière. Dans notre équipe, il s’agit en général de laptops sous OS X et des machines fixes sous Linux. Il y a à cela à mon avis de nombreuses raisons.

La raison officielle a généralement été le prix du hardware. Le hardware était longtemps cher, mais avait la réputation d’être très solide : j’ai vu au CERN des serveurs de plus de 10 ans d’âge tourner sans la moindre anicroche. Le problème c’est que la qualité a beaucoup décru avec les nouvelles stations de travail, à l’EPFL nous avons eu beaucoup de problèmes avec les Ultra-30. L’autre problème du hardware, c’est que si les stations Sun ont des connections standards. Firewire, USB et DVI, elles sont totalement incapable de gérer cela.

Cela fait deux jours que je me bat pour mettre en service les stations Sun ici vu que j’aimerais les utiliser. L’une plantait au moment du boot, l’autre n’avait aucun affichage. Dans le premier cas, le problème venait du fait qu’un hub USB était branché sur la station (celui de l’écran bêtement), ce qui suffisait à faire planter le système durant le boot, dans le second le problème était que l’écran LCD était connecté à la station par un câble DVI. Hors même si la station comportait une prise DVI, elle n’est en fait pas capable de produire un signal numérique. Dans les deux cas, ce ne sont pas des pannes acceptables.

Ces problèmes sont à mon avis typique de la mentalité de la haute époque Unix : la machine se trouve dans un environnement contrôlé et gérée par un administrateur système. Cet administrateur système est un guru qui a en général de très bonne compétences, et la machine n’a en conséquence aucun besoin de se configurer par elle-même, de gérer des périphériques inconnus. Par exemple, connecter une clef USB n’est pas une tâche triviale, voire impossible si on n’a pas les accès root. De même la documentation accessible online est très sommaire et mal structurée. Le problème est naturellement que trouver de tel administrateurs systèmes est difficile surtout dans un environnement ou les gens changent souvent, comme une université.

La solution de Sun à ces problèmes a été la fuite en avant, c’est à dire se concentrer sur le marché des serveurs. Le problème c’est qu’au niveau du workgroup, le problème de l’administrateur se pose à nouveau, le seul endroit ou un expert formé à grand frais peut se justifier est dans le datacenter, mais d’abord c’est un endroit où la concurrence est rude (avec IBM notamment) et ensuite, cela ignore la manière dont les techniciens sont formés. Que choisiront les techniciens qui ont fait leur gammes sur Linux ?

Donc voici une de mes prédictions pour ces prochaines années, à moins d’un grand revirement, Sun risque fort de subir le même sort que SGI.

Edit, il y a un article lié sur slashdot, fondamentalement, Apple aurait presque utilisé les processeurs Sparc au lieu des PowerPC.

4 thoughts on “La fin de Sun”

  1. … À moins qu’Apple ne rachète Sun.

    Mais je pense que Jobs a plus de sens commun que ça.

    Peut-être. 8)

  2. et quoi encore? pourquoi pas Bill?

    Meme si les finance de SUN ne sont pas brillantes ils ont de jolies reserves, ils ne vont donc pas disparaitre avant quelques annees.

    Enfin bon ce que tu oublie passablement de dire c est que tu as un Solaris 8 qui est quand meme une antiquite (les machines actuelles ne SONT PAS LIVREE avec cette version de l OS…) Alors moi sans vouloir etre mechant je pencherais plutot pour des admin incompetants! Et viens pas me dire que configurer Solaris 10 est complique ca se fait tout seul (ce qui n est pas compliquer quand on a un

  3. En fait, aujourd’hui j’ai forcé un net-boot, ce qui a installé Solaris 9. Comme je n’ai pas le mot de passe root, je ne peux pas réellement faire mieux à moins de hacker la machine.

  4. je ne vais pas prendre la défense de Sun, mais il me semble que depuis le temps qu’on dit qu’ils vont couler ça devrait déjà être fait. Franchement je ne sais pas quoi en penser.

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