À propos du mariage

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Il est beaucoup question de mariages, ces temps-ci. Plusieurs blog que je lis régulièrement on des billets intéressants, notamment le blog de nolife. Je trouve intéressant que, par la force des choses, les religions monothéistes se retrouvent à défendre une position commune, en fin de comptes elles ne sont pas très différentes.

Le mariage est un de ces vieux machins institutionnels sur lequel on bricole depuis des lustres, et qui mélange allègrement tous les aspects légaux ou pratiques de la société: nationalité, autorité, taxation, héritage, reproduction. Même si c’est probablement difficile pour des raisons techniques, je serais, comme nolife pour que l’état cesse purement et simplement de faire des mariages, et offre quelque chose de plus censé. On pourra alors rendre le mot mariage, aux religieux qui pourront en faire un rituel avec jolies robes, cloches et sacrifice de kangourou.

Je ne vois pas trop pour moi l’intérêt de discuter des arguments des gens contre le mariage pour tous, qui sont à peu près aussi cohérents que ceux des créationnistes ou de ceux qui pensent que le pari de Pascal est ce qui se fait de mieux en matière de logique. Étendre le mariage a toute combinaison de deux adultes me semble simplement une évolution juste et logique, au même titre que le droit des votes pour les femmes.

La seule objection que j’aurais, c’est pourquoi deux personnes ? Si le mariage est obligatoirement hétérosexuel, et qu’on assume qu’il n’y a que deux sexes possibles, un mariage ne peut se faire qu’à deux. C’est naturellement une simplification très grossière que l’on ignore et oppresse ce qui dépasse : transsexuels, hermaphrodites et autres personnes qui n’entrent pas dans le schéma. Une fois que l’on accepte que la réalité est un peu plus compliquée, le dualisme hété/homosexuel n’est plus très utile, comment nomme-t-on l’union entre un(e) hermaphrodite et un(e) transsexuelle ?

Le constante 2 apparaît dès lors comme arbitraire, et mon âme de scientifique n’aime pas les constantes arbitraires. Est-ce que je veux qu’on légalise la polygynie tant associée à certaines religions? De fait, la construction serait assez différente : on ne parle pas d’un homme épousant deux femmes, mais de trois personnes s’épousant les unes les autres, dans ce cas précis, les deux femmes seraient aussi mariées l’une avec l’autre. Si certaines religions y trouvent leur compte, tant mieux, le but des lois n’est pas de faire chier tel ou tel groupe, mais d’être juste et équitable. Cela dit, un tel mariage à trois implique fatalement un élément homosexuel.

Est-ce que je pense que ce problème est important ? Non. Le nombre 2 me semble arbitraire, mais bien moins que de restreindre le mariage à certains couples. La raison pour laquelle je me pose principalement la question c’est que je me demande si, dans une vingtaine d’années, une fois le mariage pour tous accepté et assimilé, ça ne sera pas la question, suivante, et qu’il faudra une fois de plus bricoler un peu plus la notion de mariage.

12 thoughts on “À propos du mariage”

  1. Pour bien faire, il faudrait en fait séparer le mariage de la notion de sexualité. Ce sont simplement des personnes qui vivent sous un même toit et qui souhaitent former une communauté de vie.

  2. Il faudrait séparer les notions de mariage, de sexualité, les enfants, l’héritage, la nationalité…

  3. Ce que tu proposes est l’exemple type de ce qui effraie les opposants au mariage pour tous :-)

    L’évolution logique de tout ce que tu dis est le mariage multiple, comme dans les familles sélénites de ”Moon is a harsh mistress” de Heinlein (un de mes livres favoris) : plusieurs hommes, plusieurs femmes, cooptation des nouveaux… On obtient donc une famille quasi-immortelle. Fiscalement, c’est un tsunami.

    Mine de rien, ce ne serait que le retour au système du clan. Quelque part, notre espèce a presque toujours vécu en petite tribu (y compris dans les grandes fermes multi-générationnelles), et c’est peut-être l’environnement idéal pour élever des enfants (il y a toujours quelqu’un pour les surveiller, on ne se limite pas à deux parents submergés de travail). Stabilité financière améliorée. Écologiquement, les grands foyers sont plus efficaces.

    Après, quand on voit la stabilité relative des unions à deux, ça pourrait être encore pire (et juridiquement cauchemardesque) à plusieurs. La vie en commun ne convient pas à tout le monde (question de caractère autant que de culture). Nombre de communautés hippies ont éclaté avec les histoires de jalousie et les disputes sur l’éducation des enfants (paraît-il).

    Bref, je doute que ça finisse réellement comme ça, en tout cas de manière massive. Tous nos mythes fondateurs sont basés sur le preux chevalier et la jolie princesse à libérer, et on va se les traîner sans doute encore un paquet de générations.

    Mais est-ce que ça a encore une importance ? J’ai des jeunes collègues qui fêtent leur PACS (un simple contrat pas si contraignant) autant qu’un « vrai » mariage, avec alliance et fête…

  4. J’ajoute que jusqu’à présent les mariages sont basés sur des histoires d’amour, et on connaît peu d’exemples de gens tombés amoureux de plusieurs à la fois. L’exclusivité que cela implique souvent serait déstabilisateur (sous réserve de filtre mental d’Occidental éduqué à la fin du XXè siècle).

    Si les familles sont de fait immortelles (cooptation régulière de nouveaux)(ça aurait beaucoup d’intérêt pratique), on évolue très vite vers des unions claniques sans forcément de lien sentimental, juste de communauté d’intérêt. Certains diront que cela est un retour aux mariages arrangés d’autrefois, ce qui doit remonter au Néolithique.

    Questions que je me pose : la structure « idéale » proviendrait-elle de notre culture (et dans ce cas on peut tout imaginer sur le long terme), ou est-elle en partie innée ? Si le deuxième cas est vrai, quelels en sont les structures les plus proches : celles des paysans néolithiques, celles des chasseurs-cueilleurs (plus « libres » ?) d’avant ? L’inné serait-il d’ailleurs moralement défendable ? Rien que chimpanzés et bonobos ont des systèmes différents.

    On peut vouloir liquider tout l’édifice, mais il faudra le reconstruire pour des raisons pratiques (fiscalité, héritage, obligations envers les enfants).

    Enfin : tout société a besoin de rites de passage, et il est peut-être bon que certains soient formalisés (nous n’avons plus derite de passage à l’âge adulte, ça manque (peut-être pas en Suisse avec le service militaire :-)).

  5. Si je ne doute pas qu’il y ait une histoire d’amour derrière les mariages, il y a surtout une pression sociale et des considérations légales, les gens autours de moi ne se marient pas quand ils sont amoureux, mais plutôt sous la pression de la famille, ou les nécessités légales (enfants, visas, déductions de charges).

  6. “Le constante 2 apparaît dès lors comme arbitraire, et mon âme de scientifique n’aime pas les constantes arbitraires”

    Ton “âme” (sic) de scientifique t’interdit en principe d’avoir le moindre a priori sur la source d’une information, qu’elle soit catho intégriste ou agostico-stoïcienne.

    Et puis, ce raisonnement est faible : pourquoi 2 ? C’est une constante, bravo l’artiste. Ça mérite bien un KFC après cette explosion intellectuelle XD

    Tu parles du monde des humains là, du versatile, de la passion. Que viennent foutre des pseudo-models mentaux ici ?

    “Et si ? Et si ?” Et si tu restes un couillon qui va défendre toute ta vie des intérêts qui ne sont pas les tiens, espérant qu’en te greffant un bras mécanique, tu pourras te branler plus vite ? La déconstruction de la civilisation dans le sens du Saint Progrès est une arnaque, mon pote ! Le Progrès, ça fait 40 ans qu’il est constant : ch’ai pas, sort dans la rue, parle à des gens, regarde ta situation, essaye d’avoir un minimum de regard critique sur tes moteurs.

    Le sociétal divise et fait oublier le social. Ça tombe pas du ciel, je te jure.

    Houellebecq disait que le mariage, c’était une vision communiste de la sexualité : tout le monde avait le droit à trouver plus ou moins une chaussure à son pied avec ses limites et ses entorses. La libéra(lisa)tion sexuelle a fait que certains allaient avoir une sexualité riche et débridée (ceux qui ont beaucoup de moyen matériel) alors que les autres allaient de facto se retrouver dans une réelle misère sexuelle, une sexualité de seconde zone.

    Ton chiffre 2, c’est toujours bien mieux que 1, et ne va pas me faire croire qu’un jour le 3 ou le 4 et plus puisse te concerner.

  7. Je suis totalement pour retirer au mariage son aspect légal, ce qui nécessite en effet de réencoder ce qui est utile dans d’autres lois.
    Mais ce que je trouve bien plus fondamental concernant le problème de la désignation sexuelle, c’est de retirer cette désignation de l’état civil. A quoi sert-elle quand la loi “garantit” l’absence de discrimination sexuelle?

  8. Un ami avai dit -et pourtant, politiquement on est le jour et la nuit (noire)- une chose avec laquelle j’étais totalement d’accord.
    Le mariage et autres cérémonies de création de couple sont un truc issus des religions, laissons ça aux religions, et créons un système civil d’unions et contrats dénué de toute relation à morale éthique, but de faire des tit n’enfants et d’avoir des patronymes.
    En gros, le mariage disparaît du code civil, pour qui que ce soit, et marre, tu veux te marier dans une église? Trouve-toi un prêtre, fait-le.
    Mais il s’avère que le mariage civil actuel (France, Suisse, je vais pas trop aller voir plus loin, je connais moins), est en fait la pierre d’achoppement.
    Perso, quand une pierre gène une route, je la vire.
    Et un mariage civil n’est finalement rien de plus qu’un contrat. Dès lors pourquoi il doit engager un homme et une femme, pourquoi pas deux hommes, de feux, deux femmes et un homme, un homme et une femme, tout un club de geek, je sais pas, moi?

  9. Laisser le mariage aux religions, c’est exactement mon point de vue sur le sujet.

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