Zombulateurs et post-apocalypse Fantasy

Où l’on découvre que Matthias écrit réellement n’importe quoi dans ses titres

Un thème que je vois surgir régulièrement sur les réseaux sociaux est l’idée que la société humaine est vulnérable comme jamais auparavant. Elle est certainement plus interconnectée, mais l’imposante population humaine est aussi en un sens sa garantie.

La population de l’Europe actuelle est de 740 millions, même en imaginant un épidémie qui tuerait 90% de la population, il resterait plus de personnes qu’après la guerre de 100 ans et la peste noire (qui ont tué la moitié de la population).

Ce genre de catastrophes terribles est souvent la base d’univers post-apocalyptiques, très souvent la société à régressé à un niveau technologique moyen-âgeux, ce qui permet à l’auteur d’écrire de la fantasy qui, surprise ! se révèle être de la science-fiction. Invariablement tout ce qui reste de l’ère précédente sont des zombulateurs (armes, vaisseaux, ordinateurs) hyper-puissants aux mains d’une élite et souvent liée à une prophétie.

Le fait que les dits zombulateurs fonctionnent encore après quelques siècle et sont de surcroit capables de suivre des prophéties ambiguës prouve surtout que les auteurs de fantasy ont pris un peu littéralement la phrase d’Asimov de Clarke selon laquelle toute technologie assez avancée est impossible à distinguer de la magie. À mon avis les pactes avec les démons sont triviaux comparés aux conditions d’utilisation d’un programme actuel.

Si on considère la catastrophe évoquée plus haut, que resterait-il disons un siècle après la catastrophe ? En imaginant que la société s’écroule, et que les connaissances techniques se perdent, il est clair qu’aucun appareil électronique ne survivrait bien longtemps, ces objets ont des durées de vie bien trop courtes et demandent beaucoup de soins et d’entretien.

À mon avis il resterait les choses suivantes :

Les plantes

Une grande partie partie des plantes dans nos champs et nos jardins ne sont pas originaires d’Europe (et vice-versa beaucoup de plantes ont été importées d’eurasie vers les amériques). En cas de cataclysme, elles ne reprendront pas le bateau pour revenir vers le contrées d’origine. Qui plus est, l’humanité a extrait du sol en grande quantité des substances dont les plantes raffolent : de l’oxyde de carbone, et des engrais (phosphates et nitrates). À climat égal, la végétation risque d’être beaucoup plus luxuriante, ce qui, dans une perspective médiévale, n’est pas obligatoirement une bonne chose.

Les métaux

Au moyen-âge, les métaux étaient quelque chose de précieux, les mines rares et peu profondes. Aujourd’hui, il y a du fer en quantité énormes dans les ouvrages d’art, les voies de chemin de fer. La tour Eifel à elle seule représente 7300 tonnes de fer. Les lignes électriques et les caténaires sont en cuivre, et il y aussi beaucoup d’or et d’argent dans les objets électroniques. De même on trouve partout de l’aluminium, un métal qui n’existait tout simplement pas au moyen-âge sous sa forme raffinée.

Le verre

Si le verre est connu depuis très longtemps, il devait être raffiné. Vu la quantité de verre que l’on trouve aujourd’hui dans les différents bâtiments mais aussi les contenants, et le fait qu’il se recycle assez facilement, c’est un matériau qui restera disponible en abondance.

Les constructions

Un des rares aspects positifs d’une telle apocalypse, c’est qu’une grande partie des abominations en béton qui nous entourent seront recouvertes de végétation. Même s’il ne fait aucun doute que de nombreux bâtiments, surtout des tours s’écrouleront, il en restera quand même beaucoup. Certains bâtiments resteront utilisables, et les autres des sources de matériaux de construction, de la même manière que les pierre de l’empire romains furent ré-utilisées. Poutres métalliques, blocs de béton ou de pierre, vitres, autant d’éléments qui donnera une architecture bien différente du moyen-âge.

Les outils

Si on visite un marché aux puces, on trouve une abondance d’outils qui ont entre 50 et 100 ans : couteaux, rabots, marteaux, scies, etc. Même s’ils sont souvent plus légers, une fraction des outils d’aujourd’hui, qui sont généralement en acier, survivront probablement quelques siècles. Des clous en métal étaient quelque chose d’onéreux au moyen âge, et ne valaient pas comme aujourd’hui, des clous…

Je n’ai discuté dans ce billet que des choses matérielles qui survivraient raisonnablement un siècle ou deux. Clairement après un laps de temps plus long, les choses construites (constructions et outils) disparaitraient, par contre, sans technologie avancée, je ne vois pas réellement comment les plantes et les matériaux bruts (métaux, verre) reviendraient à un niveau pré-industriel. De fait, une partie des problèmes de pollution dont nous souffrons est surtout sur-abondance de matériaux qui auraient été un trésor plus tôt dans l’histoire : en 1855, des couverts en aluminium étaient considérés plus précieux et plus nobles que des couverts en or.

Concevoir un univers médiéval bâti sur ces prémisses serait intéressant, à condition d’éviter les zombulateurs…

À une échelle plus géologique, la BBC a un articles intéressant sur ce thème (en anglais) : Partie 1, partie 2.

6 thoughts on “Zombulateurs et post-apocalypse Fantasy”

  1. Excellente, la remarque sur le nombre de survivants après une apocalypse. Ce nombre garantit qu’il restera assez de monde *éduqué* pour redémarrer une civilisation, quoiqu’il se passe après, pourvu qu’un minimum de pouvoir central reste quelque part.

    Parmi les nombreux noyaux qui réapparaîtraient après un effondrement complet (non obligatoire, ça dépend des modalités du cataclysme), beaucoup feraient dans la prédation des ressources en place, il y en aurait bien un quand même qui repartirait dans la construction d’une base industrielle…

    Pour revenir réellement au Moyen-Âge, il faudrait oublier les acquis scientifiques et politiques des 3 derniers siècles (de Galilée à Voltaire) : pas facile, il faudrait une apocalypse qui touche 3 générations d’affilée.

    J’ai quand même une inquiétude quant à la possibilité de nourrir ces 10% de survivants en ayant oublié toutes les techniques de culture ancestrales sans engrais…

    On peut varier à l’infini suivant la catastrophe : longue épidémie permettant aux états de subsister et d’organiser des choses ; cataclysme liquidant toutes les infrastructures ; génocide « les élites d’abord » par des ETs ; etc.

    Quant à la solidité des bâtiments : il y a un bouquin là-dessus dont j’avais causé :
    http://www.courtois.cc/blogeclectique/index.php?post/2008/08/25/530-homo-disparitus-the-world-without-us-dalan-weisman
    (et même une série télé entière). Une des leçons était que tout bâtiment est détruit en quelques décennies par la végétation dès que l’eau a pu s’introduire (c’est vite fait).

  2. On peut aussi admettre que les 90% de non-survivants peuvent fournir un excellent engrais. Rien ne se crée, rien ne se perd; tout se transforme.

  3. Clairement j’étais trop optimiste pour les bâtiments, mais bon il suffit que 10% des bâtiments soient entretenus ou aient de la chance par rapport aux infiltrations d’eau pour qu’il y en ait pour tout le monde.

    Pour la nourriture, il y a beaucoup d’inconnues, principalement le climat, mais aussi dans quelle mesure il reste des semences capables de se reproduire d’elles-même. Les engrais sont déjà là, pour citer Audiard, ils encombrent; il faudra un bon bout de temps pour régler cette pollution. Les engrais et la mécanisation n’ont été que deux des progrès qui ont augmenté les rendement agricoles: meilleur outillage, jachère, irrigation, conservation (pasteurisation).

    Je ne pense pas que l’éducation soit un si grand facteur pour repartir à un niveau technologique plus avancé que le moyen âge. Si on prend l’infrastructure de base (plomberie et électricité) elles sont maintenues par des gens qui ne sont pas particulièrement éduqués, et même les militaires connaissent des principes médicaux comme la désinfection ou la circulation sanguine.

  4. @Alias : Hélas les victimes seront surtout dans les villes, et décomposées avant le transfert dans les lieux de production.

    @Thias : nous sommes de très loin de beaucoup plus éduqués que les gens du Moyen Âge. En cas de cataclysme, nous aurons à redécouvrrir fissa les bases de l’agriculture, mais tout ce qui permettra à la société de redémarrer est déjà là, et ce n’est pas forcément de la technologie : système politique et discipline sociale ; bases des sciences ; erreurs écologiques à ne pas commenttre ; bases de la médecine et de l’hygiène ; moyens de transports et carburants/comburants possibles… Avec autant de survivants, même avec beaucoup de pertes, il y aura de quoi faire redémarrer très vite une civilisation digne de ce nom (niveau 1800-1900, et pas forcément bien rose) juste après le retour de la stabilité. Reste à savoir si on aura sauvé les livres, si le cataclysme aura permis de mettre en place des mesures du protection, etc…

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