La course au mouton sauvage

Un mouton devant un papier peint avec des fleurs rouges.

Il y a fort longtemps, j’ai vu au cinéma une adaptation de la pièce de théatre Rosencrantz & Gildenstern are Dead, l’idée est assez intéressante : présenter un histoire connue (Hamlet) depuis le point de vue de personnages mineurs. Le roman de Haruki Murakami La course au mouton sauvage semble avoir reproduit par accident cette structure, ou tout du moins le besoin pour celle-ci.

Durant la fin des années 70, un publicitaire tombe par hasard sur une étrange conspiration, et doit partir en quête d’un mouton mythologique. Le livre est structuré assez étrangement, mais peut, à mon avis, être divisé en deux grande parties : la première narre les errances du protagoniste, la seconde, la quête du mouton sauvage à proprement parler. Si j’ai beaucoup aimé la seconde partie, que j’ai lu d’un trait, j’ai eu beaucoup plus de peine avec la première. En fait, si j’ai trouvé l’histoire très intéressante, le personnage m’a semblé sans le moindre intérêt. Ici j’aurais largement préféré que la narration provienne d’un autre personnage de l’histoire : la girlfriend aux oreilles fascinantes, le chauffeur de la mafia et son téléphone vers dieu.

La course au mouton sauvage

Traduction depuis le japonais : Patrick de Vos
Éditions Points
ISBN : 978-2-02-056228-7

L’explication du deuxième de couverture est un peu trompeuse La vie du narrateur, jeune cadre publicitaire à Tōkyō, n’a rien d’exceptionnel.. Sans être exceptionnel, le narrateur semble avoir un passé intéressant, mais celui-ci n’est évoqué qu’en filigrane, car la narration tourne invariablement autours du vide existentiel qui semble le définir. Il est assez ironique de savoir que ce passé est décrit dans des romans qui n’ont jamais été traduits. Autours du narrateur, bizarreries et deus ex machina s’enchaînent sans qu’il réagisse réellement, tout au plus consomme-t-il des bières en quantités qui forceraient le respect d’un héros de Tim Powers. Le seul acte de courage dont il fait preuve a pour but d’avoir quelqu’un qui s’occupe de son vieux chat.

Le résultat est quelque chose de bizarre, un voyage initiatique petit bourgeois et mou, avec une narration largement détachée, qui devient assez rapidement ennuyeuse. Le décor de l’histoire est lui aussi très fade : le japon de la fin des années septante, décrites avec indifférence, jonchées de références qui m’échappent sur un fond sonore qui me semblait craquelé et acratopège (peut-être même du Jazz).

Peut-être que le style plat et abstrait qui ressort en français est voulu, mais je n’ai pas trouvé le résultat très impressionnant. Si je n’ai pas vu de problème de traduction patent, j’ai remarqué des coquilles, ce qui, ceux qui me relisent peuvent en témoigner, est plutôt mauvais signe.

J’ai trouvé ce livre assez médiocre. À l’instar de La fin des temps, il y a des idées très originales, mais elles sont écrasées par le vide existentiel du narrateur. Je ne pense pas que dans le cas de ce livre, je puisse blâmer la traduction, je pense plutôt qu’il y a quelque chose dans les goûts de Murakami qui me déplait. En conclusion, un bouquin qui n’est vraiment pas du niveau de Kafka sur la Berge, et qui m’a surtout donné envie de retrouver le DVD de Rosencrantz & Gildenstern are Dead.

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