Moi rôliste

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Il y a quelques temps, a lancé une campagne intitulée moi rôliste, beaucoup de rôlistes l’ont suivi, y compris Roboduck, je m’y joins aujourd’hui. Les causes de cette mobilisation m’apparaissent un peu lointaines, d’abord parce que je vis en marge du monde francophone en général, et rôliste en particulier, ensuite parce que j’ai que peu d’attention à consacrer à la Xème attaque des habituels milieux bien-pensants. Ma première réaction à tout l’affaire se résumerait à la phrase tiens, ils sont encore là. La deuxième réaction un vague sentiment rassuré : le monde a pas mal changé depuis les années 80, ma vie a suivi quelques méandres, un peu de stabilité, même si elle est hostile, ce n’est pas si mal.

De fait, ces assauts viennent avec une telle régularité qu’on pourrait parler de tradition. Peut-être même que le processus fait partie des mécanismes internes de telle ou telle organisation religieuse. C’est le projet que l’on peut donner au jeune qui monte, une cible pour qu’il se fasse la main, moins problématique que les jeux vidéos. Ces temps-ci, tout à chacun joue sur son ordinateur, son téléphone, et l’industrie du jeu peut se payer des avocats et des entreprises de relations publiques. On fait les croisades que l’ont peu se permettre, je suppose…

À ce stade je devrais raconter que je suis rôliste et que, quoi que pensent certains, je ne suis pas un psychopathe. J’ai un boulot, je bois des bières avec mes amis, je fait partie d’un club de sport local, je paye mes impôts et je suis apprécié de mes voisins, y compris ceux qui vont à l’église le dimanche matin. Ce serait, à mon avis, un exercice assez futile : je doute que les personnes concernées lisent jamais ce blog, et je doute encore plus de pouvoir les influencer. Le monde est rempli de gens plus charismatiques que moi, d’écrivains plus compétents, ils cherchent à convaincre les religieux et les bien-pensants de choses bien plus importantes, sans grand succès…

Expliquer, c’est quand même un truc de geek – croire qu’il y a une logique là derrière, qu’on peut convaincre les gens avec des arguments structurés, des explications. Est-ce que quelqu’un à jamais reçu une explication claire concernant les championnats de foot, ou les longues discussions politiques ? Ces activités ont probablement aussi été critiquées à un moment, mais le temps a fait son œuvre. Peut-être qu’un jour le jeu de rôle sans assistance informatique aucune sera considéré comme une activité traditionelle, qu’il faut préserver.

Le jeu de rôle a apporté beaucoup de choses dans ma vie : des amis d’abord, mais aussi un terrain fertile pour réfléchir, créer, envisager un problème de différentes manières. Travailler pour un fanzine m’a appris à écrire, à structurer, à construire des arguments, bien plus que l’école dont cela aurait été le rôle officiel. D’un autre côté, le jeu de rôle m’a permis de ne pas perdre certaines choses : l’esprit du jeu, l’amour de la création, et la capacité à m’émerveiller, à considérer ce qui n’est pas, ce qui pourrait être, et d’une manière générale a envisager des choses qui vont à l’encontre du sens commun. Ces capacités ont été importantes pour mon épanouissement personnel, mais aussi ma carrière professionelle.

Plus important pour moi, le jeu de rôle a toujours fait partie des activités de geek, un monde dans lequel faire est plus important que paraître ou consommer. Accessoires, armes, armures, costumes, fanzines, films, fontes, illustrations, livres, programmes, scénarios, autant de choses que j’ai vu produites autours de moi. L’admiration, et non la crainte, l’émulation, et non l’autorité sont les moteurs dans ces communautés, et je pense que ce sont ses biens les plus précieux.

One thought on “Moi rôliste”

  1. Je suis bien d’accord avec tout ça. J’aime beaucoup le dernier paragraphe. Je n’avais jamais vu les choses comme ça, mais j’abonde dans ton sens.

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