Sans Âme : Une aventure d’Alexia Tarabotti

Une jeune femme en corset bleu tenant une montre gousset par le cordon, devant la tour de Londre et la pleine lune

Cela faisait un moment que j’entendais parler de et j’étais assez curieux de voir à quoi cela ressemble, pensez donc : une sorte de fantasy-urbaine avec comme public cible des femmes. Lorsqu’une amie m’a proposé Sans Âme : Une aventure de d’Alexia Tarabotti j’ai sauté sur l’occasion, c’est un peu comme faire le test du Elle, quelle genre de femme êtes-vous ?, même si je ne suis pas le public cible, le résultat est souvent amusant. Attention, le contenu de ce billet risque de révéler des secrets sur l’histoire.

Mon impression générale est celle d’une mécanique efficace, quoique peu subtile. L’hypothèse de base du monde n’est pas très originale : un monde parallèle où existent Loup-garous, vampires et autres créatures surnaturelles. Ces êtres se sont intégrés dans la bonne société de l’Angleterre victorienne, jusqu’à son gouvernement. Partant de là, les idées sont plutôt bien exploitées, mais ce n’est pas réellement le propos du livre, je pense. L’aspect central du livre est la relation entre l’héroïne et le prince charmant.

L’héroïne est une vielle fille bibliophile, dont le père est mort. Sa mère s’est remariée et elle vit avec deux demi sœurs qui la méprisent car elle a le teint mat et un nez prononcé. Son apparence, son caractère et son âge avancé (26 ans) font qu’elle est considérée impropre à marier et donc un cas désespéré. Le héros exclu et victime au début de l’histoire est un grand classique de la Fantasy, mais je dois dire que j’admire quelqu’un qui utilise quasiment littéralement l’ouverture de Cendrillon et calque l’héroïne aussi bien sur ses lectrices. Avec une mention pour avoir donné à l’héroïne qui adore lire le prénom d’une maladie qui rend la lecture difficile et comme nom de famille celui d’une vénitienne, écrivaine qui fut envoyée au couvent faute de dot : Arcangela Tarabotti.

Le prince charmant se doit naturellement d’être beau, fort, riche et puissant. Dans cet univers cela se traduit en un Lord loup-garou, fort musclé, écossais d’origine, et mâle α de tous les lycanthropes de Londres. Là encore, peu de subtilité dans le nom : Conall signifie loup fort et Mac Con est un roi légendaire d’Irlande qui doit son patronyme (fils de chien) au fait qu’il aurait allaité par un chien. Évidemment c’est un homme bourru et peu subtil, mais au cœur d’or.

Une grande partie du récit implique donc les soirées, diners, promenades, entrevues et autres conversations mondaines où officiellement on enquête sur le complot qui s’ourdit dans l’ombre, mais ou surtout se trame la relation. Il l’embrasse à peu près au tiers du livre, ils se marient dans l’épilogue. La scène d’action de la fin permet d’avoir des situations croustillantes, c’est à dire d’abord l’héroïne entravée (outre le corset et la tournure) et ensuite le prince charmant tout nu, vu que naturellement c’est la pleine lune. C’est l’occasion aussi pour l’héroïne d’enfin utiliser son pouvoir spécial, qui est de calmer la bête, naturellement.

Il y a bien sûr l’enquête concernant le complot sus-mentionné. Elle suit assez fidèlement le schéma d’enquête des films d’action : l’enquête piétine, tout le monde se retrouve kidnappé dans la base secrète remplie de zombulateurs et la bagarre générale permettra de trier les bons des méchants. Bon, à ce stade de l’histoire, le lecteur est de toute manière plus intéressé par les frasques amoureuses du couple que par l’enquête, qui en arrivent au point ou seul un deus ex machina majeur permet de sauver les meubles à la fin de l’histoire. Clairement, ce n’est pas l’héroïne qui peut faire progresser l’enquête : entravée par les conventions sociales, elle ne peut tuer des vampires que dans la bibliothèque avec une ombrelle, et si elle a censée avoir beaucoup (trop) lu, ses connaissances ressemblent plus à une celles d’une femme normale du XXIe siècle qu’à celle d’une intellectuelle du XIXe: elle ne sait pas le latin, et si elle est censé discuter des nouvelles sciences, cela est soigneusement fait hors du récit, ce que j’ai trouvé dommage. D’un autre côté, les descriptions de ses toilettes sont faites par le menu.

Sans Âme
Une aventure de d’Alexia Tarabotti


Traduction : Sylvie Denis
Livre de Poche
ISB : 978-2-253-13488-6

À noter que ce livre est probablement à déconseiller aux personnes ayant une âme historiquement sensible : outre, évidemment la présence de vampires et de loup-garous, la cohérence temporelle est très relative, le ciel est rempli de dirigeables, les bijoux en aluminium sont à la mode, mais personne n’a jamais vu d’ascenseur – Otis, fondateur de la compagnie éponyme est mort en 1861, les tournures étaient à la mode de 1860 à 1900. Mais bon, le Steampunk est à la mode…

Un dernier commentaire concernant l’écriture, j’ai trouvé le style assez maladroit, on devine derrière le texte français un anglais très spirituel, qui a mon avis a mal passé à la traduction, malheureusement tous les romans ne peuvent pas être traduits par .

En conclusion un roman très efficace, qui s’y j’en crois les commentaires de mes amies sur Facebook, est plutôt le haut du panier dans cette catégorie. Une lecture très intéressante si on ne connaît pas ce style de fantasy, mais si vous en avez les moyens, je vous conseillerait plutôt de le lire directement en anglais.

4 thoughts on “Sans Âme : Une aventure d’Alexia Tarabotti”

  1. Euuuuuh, tu m’expliques pourquoi tu a lu la VF, toi ??? C’est au moins pas dur en VO, et toi tu comprends bien l’anglais, non ?? Et effectivement, l’écriture/gags/… est d’assez bonne qualité en VO.

  2. Euh, si on te prête un vélo à pneu crevés et plein de rouille, tu l’utilise aussi ? *va se cacher loin, très loin ;) *

  3. …si ça peut te faire plaisir, j’ai toute la série en anglais… :-D

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