La fin de l’énergie dense

Farr Wind Farm ⓒ Steve Abraham – Creative Common Attribution-ShareAlike 2.0 Generic (CC BY-SA 2.0)

À devoir parler de mon cursus et du métier d’informaticien à des collégiens / lycéens m’a fait un peu réfléchir sur le futur de la branche, mais aussi l’univers technologique en général. Comme le dit le proverbe, il est difficile de faire des prédictions, surtout à propos du futur, mais cela reste un exercice intéressant, particulièrement ces temps, où le rapport à l’énergie est en train de complètement changer.

Un des avantages des énergies fossiles est leur grande densité. Une tonne de diesel contient environ 39 Gigajoules d’énergie, cela correspond à peu près à 16 heures de production maximale d’une petite éolienne de 47 mètres de diamètre (Vestas V47–660 kW). En général, les sources d’énergie renouvelables requièrent de la place. Ce n’est probablement pas un problème au Canada, mais pour un pays comme la Suisse, cela signifie que ces sources d’énergie seront sur le toit ou dans le jardin de quelqu’un.

En Suisse, 70% de l’énergie est utilisé pour les transports et le chauffage. Une solution simple pour diminuer les coûts énergétiques pour aller de A à B, c’est de rapprocher A et B, et la chaleur est un déchet très commun pour beaucoup d’industries. Il serait donc logique, pour consommer moins d’énergie de rapprocher sa maison de son lieu de travail et des industries productrices de chaleur. Je pense que l’expansion des banlieues de villas autours des villes va s’arrêter, ce n’est pas un phénomène soutenable du point de vue du terrain, la densité n’est pas suffisante pour soutenir des bons transports en commun, et cela empêche d’avoir des installations énergétiques efficaces.

Le point commun entre toutes les installations qui permettent de produire de l’énergie ou d’en économiser, c’est qu’il s’agit d’installations lourdes: panneaux solaires, télé-chauffage, éoliennes. Pour les mettre en place, il faut des plans, des budgets, des lois et surtout des techniciens. Si les trois premiers éléments peuvent être mis en place dans l’urgence, il faut beaucoup de temps pour former les gens – surtout s’ils n’ont pas eu de formation technique ou scientifique. Il y a déjà aujourd’hui une pénurie d’ingénieurs hautement qualifiés et la tendance n’a pas l’air de s’améliorer.

En fin de compte, l’aspect technique est plus simple à résoudre que l’aspect social. En ce sens, le gens qui sont contre le nucléaire, mais veulent vivre à la campagne et que leur enfants soient médecin ou avocats font plus partie du problème que de la solution…

5 thoughts on “La fin de l’énergie dense

  1. Pour ma part j’ai toujours trouvé ridicule de vouloir sortir coute que coute du nucléaire… De toute façon si la Suisse n’a pas de centrale sur son territoite il n’empèche une centrale en roumanie, russie ou pratiquement n’importe où ailleurs de nous contaminder de l’exacte même manière. Je pense que la solution soit dans d’autres types de nucléaire comme les centrales au thorium (qui ne produisent pas d’uranium enrichi ni de plutonium) ou mieux la fusion qui laisse de très faibes radiations sous forme de particules alpha et gamma, et a un rendement (si je me souviens bien) d’environ 500 fois supérieur à une centrale standard

  2. D’ailleurs, je trouve toujours aussi nul les associations qui veulent sortir du nucléaire mais ne proposent aucune alternative et ne font aucun effort pour trouver une solution…

  3. Discussion ce midi au restaurant du CERN.

    Visiblement les financement d’ITER sont plus que menacer (donc pas de fusion), les banquier veulent des investissement à court terme (qui a parler de centrales à gaz?) et même si l’on construisait des centrales au thorium et même si on avait la technologie pour fabriquer des centrales à fusion (qui pour le moment au niveau du rendement sont largement pas rentables) nous n’aurions plus/pas assez de techniciens et ingénieurs qualifié pour les faire fonctionner. Finalement on en retombe au même problème que d’habitude le problème essentiel est toujours l’éducation!

    Arrêtons de former des spécialistes de vente et autre marketing pour former des ingénieurs et des techniciens!

  4. Oui mais là on est en train de foncer droit dans le mur à tête basse…
    On finira par payer bien plus cher l’électicité que l’on devra acheter chez nos voisis (qui continueron à la produire par fission).
    C’est clair que tant que les gouvernements et entreprises intéressées sabordent toutes les idées alternatives ça ne va pas nous aider… et ça va encore moins aider les générations futures… Après tout on n’est même pas encore arrivés à un stade de civilisation de type 1 selon l’échelle d Kardashev…

  5. >On finira par payer bien plus cher l’électicité que l’on devra acheter chez nos voisis (qui continueron à la produire par fission).

    Quels voisins pour la Suisse ? L’Allemagne et l’Italie c’est cuit à moyenne échéance, et chez moi en France le risque est grand d’un sérieux ralentissement. Quant au prix il risque de monter vu que le démantèlement des plus anciennes va se faire dans les deux décennies à venir aussi.

    >si la Suisse n’a pas de centrale sur son territoite rien n’empèche une centrale en roumanie, russie ou pratiquement n’importe où ailleurs de nous contaminder de l’exacte même manière

    Pas de la même manière. Les zones devenues inhabitables, elles sont à proximité de Tchernobyl et Fukushima. Toute la planète est potentiellement touchée par une catastrophe nucléaire, mais de manière bien moins importante.

    Quant aux technologies de remplacement : le dernier Pour la Science (prochainement chroniqué sur mon blog :-) parle par exemple du stockage de l’énergie éolienne ou solaire par hydrogène, ou de biotechnologies pour produire cet hydrogène. C’est faisable à moyen terme, et, encore une fois, une affaire de jus de cervelle et d’investissements.

    Quant aux manque de techniciens et d’ingénieurs :
    – vous inquiétez pas, la Chine en produit par milliers ;
    – ça serait déjà bien si une partie de ceux déjà en place ne passaient pas leur temps à écrire des logiciels d’optimisation de la prédation boursière, pour ne parler que du plus contreproductif.

Leave a Reply to Andy CereghinoCancel reply

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.