Chaque année, mon employeur m’offre la possibilité de dédier une journée à une bonne cause. Cette fois-ci, j’ai été parler aux élèves du cours d’informatique à la Kantonschule Enge. C’est certainement moins exotique que faire la sécurité à la Gay Pride, mais curieusement ces temps-ci j’ai pas mal pensé à mon époque au Collège Calvin et j’avais eu de bon souvenirs des sessions de questions-réponses, organisées par Mme Marie Antoinette Leseman, où des gens établis dans leur profession étaient venus nous parler de leur métier, de leur cursus.
Les bâtiments de la Kantonschule sont très différents de ceux du collège Calvin : point de construction datant de la réformation, mais un complexe datant des années 60 qui inclut une autre école, la Kantonsschule Freudenberg. L’ensemble est considéré comme le chef-d’œuvre architectural de Jacques Schader, et donc totalement mal-pratique comme bâtiment : il faisait beaucoup trop chaud dans la salle de classe, mais on m’a expliqué qu’en hiver c’était l’inverse. C’est rassurant de voir que les architectes ont à cœur de reproduire au XXe siècle les caractéristiques fonctionnelles d’un bâtiment datant du XIVe.
La Kantonschule Enge était historiquement une école de commerce, et a gardé un profil d’enseignement axé sur l’économie et les langues vivantes. Peut-être à cause de cela, le cursus implique des cours d’informatique, avec de la programmation, et pas seulement un apprentissage de Word et Excel. Le cours est obligatoire, ce qui fait qu’une majorité des élèves n’était pas réellement enthousiaste, de leur point de vue la branche se rapprochait beaucoup des mathématiques. Sur une classe d’une vingtaine, à peu près trois élèves étaient réellement intéressés par la branche.
J’ai trouvé la répartition des questions initiales plutôt intéressantes : les élèves étaient surtout intéressés par des questions pragmatiques, comment Google gagne de l’argent, comment se passe une journée de travail, est-ce que l’on passe beaucoup de temps devant l’ordinateur. L’enseignant responsable du cours avait des questions sur l’infrastructure informatique que nous utilisons, langages de programmation, système d’exploitation, la second enseignante a surtout posé des questions sur les parcours professionnels et les implications sociales des systèmes en lignes – un des rares sujets où les adolescents semblent avoir une vision plus fine et plus nuancée que les adultes.
Le manque d’intérêt des étudiants était un peu frustrant, surtout vu la pénurie ambiante d’ingénieurs, mais si je me projette dans mon propre passé, mes congénères du collège ne l’étaient guère plus, et si les sessions de questions étaient volontaires, le fait qu’une fille plutôt mignonne les organisait – je crois qu’elle s’appelait Odile – avait probablement aidé à me motiver. Comme le faisait remarquer l’enseignante, ces adolescent sont des natifs du numérique, la première génération qui a toujours eu accès à internet, mais cela ne se traduit pas par un intérêt pour la branche sous-jacente, ce qui est logique, je doute que l’intérêt pour les études en électricité ait augmenté avec la généralisation du courant…
Tu as joué au Sheldon Cooper de Zurich ? :P
Ils ont beau être natifs, ils n’en sont pas moins naifs. C’est impressionnant à quel point ils ne se rendent pas plus compte des problématiques liées au web (sécurité et privacité principalement) que les générations précédentes.